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Le but est de définir un nouveau prix d'équilibre de l’électricité d’origine nucléaire pour succéder au dispositif ARENH qui doit s'éteindre à la fin de l'année 2025.

Le gouvernement a dévoilé ce mardi ses propositions pour la réforme du secteur de l’électricité. Après des mois de tractations avec EDF, désormais à 100% sous le giron de l’Etat, le but était surtout de définir un nouvel équilibre en terme de prix MWh pour l’électricité d’origine nucléaire pour succéder au dispositif ARENH (Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique) qui doit s'éteindre à la fin de l'année 2025. Ce dispositif permet à tous les fournisseurs alternatifs de s’approvisionner en électricité auprès d’EDF dans des conditions tarifaires fixées par les pouvoirs publics. Le prix est actuellement de 42 €/MWh mais le volume global maximal affecté au dispositif est limité à 100 TWh/an, ce qui est largement inférieur aux demandes des fournisseurs (148,87 TWh demandés en 2023).
Plus de 60% d’augmentation
Ce nouveau prix à compter de 2026 est proposé autour de 70 € le MWh pour l’électricité nucléaire, soit une hausse de plus de 60% par rapport à 42 €/MWh. D’après le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, il correspond aux coûts de production totaux de l’électricité nucléaire en France. Mais cet accord concerne cette fois à 100% de la production nucléaire d’EDF à la différence d’aujourd’hui. Bruno Le Maire met en avant le fait que ce sera un prix stable alors que le gouvernement ne peut plus se permettre de financer les milliards d’euros de coût des boucliers tarifaires. Cet accord prévoit aussi une redistribution aux consommateurs des bénéfices d’EDF au-delà d’un certain niveau de prix.
« Le bouclier tarifaire était une protection provisoire. L’accord obtenu avec EDF est une protection permanente Cette stabilité garantit enfin le financement de nos investissements futurs, en particulier des nouveaux réacteurs nucléaires, qui apporteront eux aussi de la stabilité », a déclaré Bruno Le Maire. « Cet accord donne aussi de la visibilité aux entreprises en portant sur l’intégralité de la production nucléaire d’EDF, ce qui n’était pas le cas dans la régulation précédente. Tous ceux qui font des comparaisons avec les 42 € le MWh de la régulation précédente oublient que ce chiffre ne correspondait qu’à un tiers de la production nucléaire d’EDF », s’est défendu Bruno Le Maire.
Tarif réglementé maintenu
Le ministre a ajouté que le système du tarif réglementé de vente (TRV) pour les particuliers et les petites entreprises sera maintenu et même étendu. Toutes les entreprises de moins de dix personnes et de moins de 2 millions d’euros de chiffre d’affaires auront ainsi droit à un tarif régulé, quel que soit leur niveau de consommation (et non plus jusqu’à 36 kva).
Il revient maintenant à EDF de mettre en place cet accord dans les mois qui viennent, accord qui sera ensuite mis en large consultation publique auprès des associations de consommateurs, des fournisseurs, des industriels et des élus parlementaires.
Un prix exorbitant pour l’association CLCV
L’association de défense des consommateurs CLCV a déjà réagi très vivement à ces propositions, estimant ce prix de 70 € le MWh « d’exorbitant ». « Le gouvernement et EDF vont au-delà de l’évaluation de la commission de régulation de l’énergie (CRE) qui nous paraissait déjà excessive. Ni l’État ni la CRE ne sont choqués par le fait qu’aux États-Unis et en Finlande, le prix du nucléaire est de l’ordre de 30 € le MWh », dénonce l’association. CLCV estime que cela augmentera encore au final la facture des ménages de plus de 10%.
Pour mieux comprendre, il faut déjà rappeler qu’1 mégawatt heure (MWh) équivaut à 1.000 kilowattheure (kWh). Le prix d'un kWh est actuellement de 0,2276 € TTC avec les tarifs réglementés d'EDF mais peut descendre sous les 0,20 € chez certains fournisseurs. Cela correspond donc à un prix d’environ 200 € le MWh alors que le prix Spot du MWh sur le marché de gros tourne aujourd’hui autour de 65 €. Au plus haut, ce prix avait dépassé 700 € à l’été 2022 quelques mois après l’invasion de la Russie en Ukraine.
