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La Fédération Française Bâtiment ne désespère pas de faire revenir le gouvernement sur sa décision de raboter à nouveau le Prêt à taux zéro (PTZ).

« Quand le logement ne va pas, les recettes pour la nation ne vont pas bien non plus », ont tenu à souligner les dirigeants de la Fédération Française du Bâtiment (FFB) ce mardi matin lors d’une conférence de presse sur la conjoncture et l’emploi dans le bâtiment. Une conférence qui a bien sûr confirmé l’absence d’amélioration pour le logement neuf. En glissement annuel sur cinq mois à fin mai 2023, la chute des mises en chantier de logements neufs s’accélère à -17,2% pendant que les ventes de maisons s’effondrent de plus de 35%. Quant aux permis de construire, ils chutent d’environ 30% sur la même période.
Une crise inévitable
« L’inévitable crise du logement neuf gagne l’ensemble du territoire. Elle résulte avant tout d’un redoutable effet de ciseau entre durcissement du marché du crédit et forte hausse des coûts du foncier comme de la construction, notamment sous l’effet de dispositions règlementaires et normatives. On pense notamment aux règles du Haut-Conseil de stabilité financière sur l’octroi des crédits immobiliers », énumère le Président de la FFB, Olivier Salleron. Comme la plupart des autres professionnels de l’immobilier, la FFB réclame un véritable assouplissement des règles du HCSF en matière de crédit immobilier et la prise en compte du reste à vivre pour déroger à la limite de 35% d’endettement maximum des revenus nets des emprunteurs, devenue bloquante pour beaucoup d’acquéreurs avec l’envolée des taux qui ont désormais quadruplé en un an et demi (de 1% à 4%).
L’enjeu du PTZ
Ce ne sont pas les mesures présentées début juin au Conseil National de la Refondation Logement qui vont changer quelque chose, bien au contraire, avec le projet de suppression du Prêt à taux zéro (PTZ) dans le neuf en zones B2 et C et d’arrêt de cette aide pour l’achat de maisons neuves. Olivier Salleron ne désespère cependant pas de faire revenir le gouvernement sur cette décision qui risque de pénaliser encore davantage les primo-accédants aux revenus modestes, d’autant que le PTZ est perçu par les banques comme un apport grâce au différé de remboursement qu’il permet.
Dans la perspective de l’examen cet automne du projet de loi de finances 2024 qui va traduire ces mesures d’économies, le Président de la FFB confie avoir repris sa tournée des élus locaux et parlementaires. L’enjeu semble déjà de préparer des amendements au PLF qui ne manqueront pas de diviser députés et sénateurs dans quelques mois.
20% de TVA
Sur le PTZ, on répète souvent que le coût pour les finances publiques, même s’il est proportionnel à la hausse des taux, est très largement compensé par les recettes de TVA sur les logements neufs. Même en reconnaissant qu’une partie des projets d’achats se feraient quand même sans PTZ, la FFB estime que le nouveau rabotage du dispositif tel qu’il a été présenté lors du CNR Logement risquerait de faire avorter 15.000 projets par an. Or, un logement neuf financé grâce à un PTZ, c’était en moyenne environ 40.000 € de TVA sur l’année 2022. A ce jeu de l’arroseur arrosé, on comprend vite que l’Etat pourrait y perdre beaucoup plus que ce qu’il espère économiser…
Rénovations globales
Olivier Salleron rappelle aussi que le logement neuf finance en quelque sorte la rénovation énergétique et d’autres politiques publiques. Or si le gouvernement compte accélérer les rénovations globales, il faudra sans doute des moyens supplémentaires. La FFB demande d’ailleurs que le budget de MaPrimeRénov’ soit majoré d’1 milliard d’euros chaque année pendant cinq ans pour assurer le déploiement de la rénovation globale, en une fois ou par tranches.
a savoir
Loïc Chapeaux, directeur des études économiques de la FFB, a évoqué ce matin une stabilisation des coûts de construction depuis le début de l’année, ce qui laisse quand même encore les prix 40% au-dessus de leur niveau de 2019.
