Logements neufs : pour la Fédération Française du Bâtiment, l’enjeu n’est plus d’éviter la crise mais d’en limiter l’ampleur et la durée

Logements neufs : pour la Fédération Française du Bâtiment, l’enjeu n’est plus d’éviter la crise mais d’en limiter l’ampleur et la durée

Le Président de la FFB estime que les mises en chantier de logements neufs devraient tomber entre 300.000 et 310.000 cette année et pourraient même glisser entre 250.000 et 275.000 en 2024, un plus bas depuis 30 ans.

Logements neufs : pour la Fédération Française du Bâtiment, l’enjeu n’est plus d’éviter la crise mais d’en limiter l’ampleur et la durée
Crédit photo © Fédération des Promoteurs Immobiliers IDF

« Le logement neuf entraîne inévitablement le secteur du bâtiment dans la récession et aucune inflexion récente n’est visible dans cette crise », a déploré mercredi matin le Président de la Fédération Française du Bâtiment (FFB), Olivier Salleron, lors d'une conférence de presse de rentrée. En glissement annuel, sur sept mois à fin juillet 2023, la baisse des mises en chantier de logements neufs reste autour de -17% avec -13% pour le collectif et -21% pour les maisons individuelles. Ce mouvement ne peut que s’accentuer puisque les ventes de maisons neuves et d’appartement s’effondrent d’environ 35% entre les premiers semestres 2022 et 2023 et que les permis de construire autorisés, qui vont donner les chantiers de demain, chutent de près de 30% à fin juillet 2023.

Bientôt moins de 300.000 logements neufs construits ?

A peine plus de 150.000 maisons et appartements neufs ont ainsi été vendus à des particuliers entre juin 2022 et juin 2023, un niveau encore plus bas que pendant les très mauvaises années 2008 et 2009. A ce rythme, Olivier Salleron estime que les mises en chantier de logements neufs devraient tomber entre 300.000 et 310.000 cette année et pourraient même glisser entre 250.000 et 275.000 en 2024, un plus bas depuis 30 ans. En conséquence, il craint une forte montée des défaillances d’entreprises et 150.000 destructions de postes à fin 2024-début 2025 si on laisse cette crise du neuf s’enclencher.

Heureusement, l’amélioration-entretien, marché qui compte pour 54% de l’activité du bâtiment en France, accélère un peu au deuxième trimestre 2023, à +2,4 % en volume sur un an, notamment grâce à la rénovation énergétique des logements.

PLF 2024

« Si rien n’est fait dans le projet de loi de finances (PLF) pour 2024, ce sera une décision politique et tout le monde sait ce qu’il se passera en 2024, 2025 et 2026 car le bâtiment a l’inertie d’un paquebot », alerte le président de la FFB. La Fédération veut quand même croire que le gouvernement finira par réagir car « quelques mesures peuvent non plus empêcher l’entrée en crise, mais en limiter l’ampleur et la durée ». Comme les années précédentes, tout va donc se jouer pendant les débats du PLF 2024.

« C’est faux de dire que le logement coûte cher à l’Etat, beaucoup d’élus de terrain le comprennent », confie Olivier Salleron après avoir fait le tour des groupes parlementaires depuis le mois de juillet. Il sera d’ailleurs auditionné le 20 septembre dans le cadre de la préparation de ce PLF.

Comment se passer du PTZ ?

A l’heure où la forte hausse de taux d’emprunt est le principal obstacle aux projets d’acquisition de logements, la FFB demande en priorité de préserver le prêt à taux zéro (PTZ) sur l’ensemble du territoire pour ne pas abandonner les primo-accédants aux revenus modestes qui ont un projet dans le neuf hors des grandes agglomérations. Les professionnels espèrent aussi une revalorisation des barèmes du PTZ, qui datent de 2016 alors que les coûts de construction et les prix ont explosé depuis. « Il s’agit d’un moyen de relancer rapidement le marché, de répondre à une demande bien présente, de permettre la sortie du parc locatif, mais aussi de dégager des ressources budgétaires », insiste Olivier Salleron. Et de rappeler ce que le gouvernement ne mentionne jamais : « la TVA et les taxes locales pesant sur chaque logement neuf financé par un PTZ rapporte 35.000 € en solde net à la Nation ».

Ne pas oublier les bailleurs privés

Avant que la crise ne gagne le marché de la location, la FFB demande aussi de garder la version 2022 du Pinel dans l’attente de la mise en place du statut du bailleur privé. Olivier Salleron admet que d’autres pistes mises en avant par le nouveau ministre en charge du Logement, Patrice Vergriete, méritent d’être explorées, telle l’aide aux maires bâtisseurs, le déploiement du bail réel solidaire ou tout ce qui peut permettre le retour des investisseurs institutionnels ou des foncières sur le marché du logement. « Toutefois, ces mesures ne concernent, sauf exception, que les grandes agglomérations. Or, tout le territoire se bloque progressivement ». Une manière de rappeler aussi qu’on ne peut pas se passer de l’investissement locatif réalisé par les bailleurs privés...

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