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Dans la presse cette semaine, le ministre a défendu une politique du logement socialement "plus juste" et plus ciblée géographiquement, mieux adaptée aux réalités du terrain.

Le nouveau ministre du Logement, Patrice Vergriete, arrivé en remplacement d’Olivier Klein à la veille de la pause estivale, a dévoilé cette semaine à la presse les grandes lignes de sa feuille de route.
Au micro de France Inter jeudi 24 août, et dans une interview au Parisien parue ce vendredi, le maire de Dunkerque, fin connaisseur des problématiques d’urbanisation, a partagé sa vision personnelle de la politique du logement – « un élément essentiel de la vie des Français », et ses dossiers prioritaires pour redresser la barre d’un secteur en plein marasme…
Sur la situation de crise actuelle, qu’illustre en particulier l’effondrement des ventes et les annulations de réservation en cascade de l’offre de logements neufs, le ministre a déclaré à France Inter « ne pas trop croire à la recette miracle qui consiste [à trouver] la grande mesure nationale, type le Scellier* qui va tout relancer, parce que l’on connaît aujourd’hui les effets pervers de ce type de mesures. Ce que je pense aujourd’hui, c’est qu’il faut essayer de remobiliser l’ensemble des acteurs du logement pour développer une politique du logement plus juste. Plus juste socialement, en s’adressant aux publics qui en ont le plus besoin [comme les étudiants], et plus adaptée aux territoires », a-t-il précisé, pointant l’importance de la décentralisation de la politique du logement et la nécessité d’augmenter les moyens des acteurs de terrain.
« Prenons l’exemple du marché des meublés touristiques. C’est un secteur qui doit être régulé. […] Il faut donner aux collectivités locales une boîte à outils de mesures pour mieux encadrer et adapter cette activité à la réalité de leur terrain. Cela peut prendre la forme d’une loi et d’une réglementation », a-t-il mentionné au Parisien.
Développement du logement intermédiaire
M. Vergriete a ainsi défendu une politique de construction de logements géographiquement plus ciblée, concentrée sur les métropoles et les communes touristiques, ce qu’entend en partie répondre le recentrage du prêt à taux zéro prévu par le gouvernement en 2024, ainsi qu’un décret en préparation pour le mois prochain, « qui permettra à plus de communes de pouvoir développer davantage de logements intermédiaires. »
Le texte, qui va « élargir le nombre de villes en zone tendue », permettra à ces dernières de « pouvoir construire davantage de logements locatifs intermédiaires pour leurs habitants, les étudiants, les travailleurs essentiels… Ce changement aidera les primoaccédants à devenir plus facilement propriétaires », a détaillé le ministre du Logement dans le quotidien national.
Pour la suppression du Pinel
Le ministre – qui a souligné avoir fait sa thèse de doctorat sur les dispositifs d’aide fiscal à l’investissement locatif et bien connaître « tous les effets pervers de cette mesure », a déclaré par ailleurs sur les ondes de la radio publique « se réjouir » de la suppression annoncée du Pinel : « Je ne suis pas sûr que ces dispositifs produisent des logements de qualité. Mais nous avons besoin d’investisseurs privés dans l’investissement locatif. Je suis en train de travailler sur une mesure qui permettra de mobiliser des investisseurs professionnels, et ça, ce sera plus pérenne. Pourquoi ? Parce que l’investisseur particulier recherche d’abord l’avantage fiscal et ne regarde pas forcément la qualité du logement et où il se situe. Un investisseur professionnel va regarder la valeur patrimoniale à la sortie. Il va donc plutôt investir en zone tendue, et en regardant la qualité du logement ».
Des modes de financements qui pourraient prendre la forme de véhicules d’investissements collectifs, citant au Parisien la « Pierre Papier » (qui désigne habituellement les SCPI et les OPCI) pour « compléter l’investissement des institutionnels et financer la construction de nouveaux logements dits intermédiaires », tout en orientant par ailleurs « une partie de l’épargne des particuliers » vers le logement.
Logements sociaux : renforcer les fonds propres des bailleurs
Concernant le logement social, M. Vergriete réfléchit à des mesures pour libérer les fonds propres des bailleurs, asséchés ces derniers mois par la diminution des ventes d’HLM. Le développement du bail réel solidaire, dispositif aujourd’hui réservé aux organismes fonciers solidaires (OFS) qui dissocie le foncier du bâti et permet aux ménages d’acquérir des logements à des tarifs plus abordables, est l’une des pistes envisagées par le ministre pour améliorer la situation financière des bailleurs publics.
Interrogé par ailleurs sur un éventuel assouplissement des conditions d’octroi des crédits immobiliers, le ministre du Logement ne s'y est pas déclaré vraiment favorable même s'il a précisé aux deux médias avoir entamé des discussions avec les banques pour faciliter l’accès au crédit. « Aller combattre quelque chose qui s’impose à notre économie [la hausse des taux d’intérêt, NDLR], c’est aussi aller dans le mauvais sens. Le but du jeu, c’est plutôt d’essayer de trouver des solutions qui soient pérennes [en changeant] les règles du jeu de la politique du logement [et en revoyant son] cadre, pas [de bricoler] comme on le fait depuis de nombreuses années », a-t-il cependant objecté sur France Inter.
Canicule : élargir les travaux éligibles à MaPrimeRénov'
Alors que la canicule bat son plein sur le territoire, M. Vergriete a déclaré souhaiter augmenter de façon progressive le nombre de places en hébergements d’urgence. Il s’est également prononcé en faveur d’une prise en compte généralisée de la problématique de la canicule dans l’adaptation des logements, notamment en élargissant le champ d’application des aides d’état aux travaux destinés à améliorer le confort d’été, comme c’est déjà le cas en Outre-Mer. « Nous avons aujourd’hui des dispositifs comme MaPrimeRénov’ qui permettent d’adapter les logements à la canicule et je travaillerai dans ce sens-là », a-t-il déclaré jeudi.
Enfin, sur les difficultés des copropriétés à engager des travaux de rénovation énergétiques, le ministre a reconnu au Parisien que cette question « l’inquiétait ». « On regarde comment faciliter les rénovations pour tenir le calendrier fixé (de 2023 à 2025 selon la taille) en développant des offres de financement plus simples à mobiliser », a-t-il expliqué.
*Le Scellier était un dispositif d'investissement locatif entré en vigueur en 2009 et remplacé en 2013 par le Duflot, puis le Pinel.
