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Le budget de l’aide publique pour la rénovation des logements va passer à 4 milliards d'euros.

La Première ministre, Élisabeth Borne, a confirmé ce mercredi devant le Conseil national de la transition écologique une forte augmentation du budget de l’aide publique pour la rénovation des logements, MaPrimeRénov'. Son enveloppe va passer de 2,4 milliards d’euros cette année à 4 milliards en 2024, soit une hausse de 1,6 milliard.
En attendant de connaître les détails de l’affectation de ces nouveaux crédits qui figureront dans le projet de loi de finances pour 2024, les pistes ne manquent pas. La plateforme Heero, acteur du financement de la rénovation énergétique, considère qu’au-delà des montants d’aide accordés, il y a des paramètres à faire évoluer pour que ce dispositif ait encore davantage d’impact et soit davantage incitatif, notamment pour les rénovations globales qui restent la grande priorité du gouvernement.
L’objectif est en effet d’arriver à 200.000 rénovations globales en 2024 sachant qu’à peine plus de 34.000 ont pour l’instant été recensées cette année par l'Agence nationale de l'habitat.
Des aides souvent insuffisantes pour déclencher une rénovation globale
« Les aides financières sont un levier efficace pour inciter à la rénovation énergétique… Reste qu’elles sont en l’état difficiles à obtenir, avec des délais trop longs et souvent un montant insuffisant dans un contexte d’inflation. En intégrant les travaux induits (peinture, électricité, plomberie), les aides représentent en moyenne 15% du montant des travaux, elles ne suffisent donc pas à en garantir le financement. Le reste-à-charge, trop important, est ainsi souvent un frein majeur pour le passage à l’acte », analyse Romain Villain, directeur général de Heero.
Heero appelle notamment à réintégrer l’isolation des combles perdus dans les travaux éligibles à MaPrimeRénov' car c’est un geste essentiel à effectuer en priorité pour éviter la déperdition d’énergie dans un logement.
Harmonisation des règles entre MaPrimeRenov’ et les certificats d’économies d’énergie
Les professionnels appellent aussi à harmoniser les règles entre MaPrimeRenov’ et la « prime énergie » basée sur le dispositif européen des certificats d’économies d’énergie (CEE) qui représente souvent des montants très significatifs. Financée par des acteurs privés mais selon des règles fixées par le gouvernement, la prime énergie n’a pas échappé à son lot d’évolutions ces derniers mois.
Dans le cadre du dispositif MaPrimeRenov’, une rénovation est notamment considérée comme globale et prise en compte à condition de diminuer la consommation annuelle d'énergie d'au moins 55% alors que dans le dispositif des Certificats d’Economies d’Energie une rénovation est considérée globale si l’impact est de 35% sur la consommation annuelle d’énergie. « Ces différences de conditions ne facilitent pas la compréhension des propriétaires et peuvent être un frein au passage à l’action », souligne Heero.
Ne pas délaisser les mono-gestes dont la succession peut permettre d’arriver à une rénovation globale
Il reste aussi à améliorer le problème de financement du reste à charge pour les rénovations globales, d’autant plus avec la forte hausse des taux qui concerne aussi les prêts travaux. « Le gouvernement veut favoriser les rénovations globales et y conditionner la délivrance des aides. Sur le papier, c’est une bonne idée, mais dans les faits il y a encore plusieurs paramètres à prendre en compte pour être en adéquation avec la capacité budgétaire des Français », explique Romain Villain.
« Pour les ménages n’ayant pas les moyens d’engager une rénovation globale, il doit être possible de réaliser un projet sur le long terme, par exemple via un enchainement de mono-gestes successifs qui donnerait droit à des aides bonifiées », analysait le mois dernier Nicolas Moulin, fondateur de PrimesEnergie.fr, une des principales plateformes d’aide à la rénovation énergétique des logements.
A ce sujet, la Fédération Française du Bâtiment se réjouit de la définition à venir d’une « trajectoire de financement de la transition énergétique sur plusieurs années » évoquée aujourd’hui par Élisabeth Borne.
