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La moitié des particuliers investissant sur les marchés financiers ont commencé à réaliser leurs placements depuis la crise sanitaire. Des épargnants jeunes, friands de cryptos, avec un horizon moyen d’investissement relativement court…

Réalisée auprès de plus de 2.000 investisseurs particuliers en France, une étude de l’OCDE commandée par l’AMF en vue de mieux cerner le profil des épargnants et leurs besoins d’accompagnement a établi que près d’un Français sur quatre détenait aujourd’hui un placement en instruments financiers ou en crypto-actifs.
La moitié de ces investisseurs, soit 12% de la population française adulte, a commencé à investir depuis le début de la pandémie de Covid-19, un phénomène de renouvellement et de rajeunissement du profil des investisseurs particuliers en bourse que l’AMF avait déjà constaté de son côté via une série d’enquêtes régulières sur les Français et leurs investissements boursiers.
Plus de la moitié des nouveaux-venus ont moins de 35 ans
D’après cette nouvelle étude, les nouveaux investisseurs sont majoritairement des hommes (64%), de moins de 35 ans (56% contre 21% chez les investisseurs "traditionnels"), avec une part des femmes plus élevée que chez les investisseurs de longue date. Ces nouveaux investisseurs vivent principalement en milieu urbain et déclarent un niveau de qualification, de revenus et un patrimoine supérieurs à la moyenne des Français. Cependant, l’enquête de l’OCDE note que les employés, les ouvriers et les étudiants sont aussi plus nombreux que parmi les investisseurs traditionnels.
Caractéristique de ces "jeunes" investisseurs : la part de leurs placements réalisés en crypto-actifs, dans lesquels pas moins de la moitié personnes interrogées arrivées sur le marché boursier depuis la pandémie déclarent avoir investi, contre seulement 25% du côté des investisseurs traditionnels. Chez ces néo-investisseurs, l’assurance-vie en euros est le deuxième produit le plus détenu (33%), suivie de l’épargne retraite (29%) et des actions cotées (24%).
Rentabilité et "gamification"
Autre élément différenciant : l’horizon d’investissement de ces néo-épargnants est beaucoup plus court : les deux tiers se projettent à moins de dix ans, contre seulement 37% chez les investisseurs de plus longue date. Les raisons les ayant incités à investir sont d’abord la volonté d’augmenter la rentabilité de leurs avoirs et de les diversifier, mais aussi par curiosité (29%) ou par jeu (18%).
La "gamification" des placements financiers, renforcée notamment grâce aux réseaux sociaux et au positionnement commercial d’un ensemble de nouveaux acteurs en ligne, est aussi prégnante, puisqu’ils sont par ailleurs 89% à s’adonner régulièrement ou occasionnellement à des jeux d’argent (paris sportifs, loterie, casino). Enfin, une autre motivation ressort nettement, la volonté d’investir dans les placements durables, citée en premier par les 18-24 ans.
Dans le choix des placements, ces nouveaux investisseurs consultent la documentation sur les produits, leurs proches et la presse spécialisée, mais aussi les réseaux sociaux, première source des 18-24 ans (41%), et les influenceurs. Une petite partie (7%), en particulier les profils plus modestes, ne cherche ni conseil ni information avant d’investir.
Une perception du risque "limitée"
Or l’étude montre un excès de confiance de ces nouveaux investisseurs à l’égard de leur niveau de connaissances en matière financière, qu’ils sont 73% à estimer "élevé" chez les 18-24 ans, 75% chez les 25-34 ans et 67% en moyenne (contre 58% des investisseurs de longue date). Interrogés sur des notions simples comme les effets de l’inflation, la diversification ou le rapport risque/rendement, plus de la moitié des plus jeunes n’ont pourtant répondu correctement qu’à deux questions sur six, relève cependant l’OCDE.
En parallèle, si « gagner beaucoup d’argent rapidement » avec leur investissement est la priorité de 73% des sondés, ils expriment majoritairement leur préférence pour des produits au risque et au rendement modérés (61%) et leur perception du risque semble limitée.
Les résultats de l’enquête de l’OCDE ont permis de définir quatre profils d’investisseurs (néophytes, non-informés, dynamiques et consciencieux) choisis pour mener 40 entretiens individuels destinés à approfondir leurs motivations et leurs besoins d’accompagnement. Des travaux qui permettront à l’OCDE d’établir une proposition de stratégie d’éducation financière adaptée à ces nouveaux investisseurs particuliers à l’attention de l’AMF. Elle devrait être remise à l’Autorité française au premier semestre 2024.
L'enquête de l'OCDE
Afin de mieux connaître les épargnants ayant commencé à investir sur les marchés depuis 2020, l’Autorité des marchés financiers a sollicité le soutien de la Commission européenne qui a désigné l’Organisation de coopération et de développement économiques pour l’appuyer dans ses actions à destination de ce public. Cette étude de terrain, intitulée "Les nouveaux investisseurs particuliers en France : Attitudes, connaissances et comportements" et réalisée en avril 2023, est le premier volet de cette coopération.
