Si la grande majorité des fonds ont intégré des stratégies de développement durable, des progrès restent à faire...

Selon les données de l’Association française des sociétés de placement immobilier (Aspim), les fonds immobiliers labellisés ISR représentaient à la fin du 1er trimestre 2023 35% de l’actif net total du marché (estimé à plus de 216 milliards d’euros à fin 2022).
L’Aspim rapporte que sur un total de 936 fonds (incluant les supports réservés aux institutionnels), 108 disposaient au 31 mars du référentiel français. Sur ces 108 fonds, près de la moitié (47) sont des SCPI (pour 46,67 Md€ de capitalisation, vingt sont des OPPCI (organismes professionnels de placement collectif immobilier) et treize des OPCI grand public (pour 18,45 Md€ de capitalisation).
Une dizaine de fonds immobiliers ont décroché cette labellisation au 1er trimestre : neuf SCPI* et une SCI (Allianz Immobilier Durable).
Ramenée à la collecte grand public, cette part est encore plus importante, les fonds grand public labellisés ISR représentant 47% de la collecte nette et 51% de la capitalisation globale des fonds immobiliers non cotés grand public au premier trimestre 2023.
Collecte et fiabilisation des données
La labellisation ISR a été accessible plus tardivement aux fonds immobiliers qu’aux autres supports financiers, mais son engouement a été immédiat : les enjeux de consommation et de rénovation énergétiques se sont rapidement imposés dans les stratégies des gérants, dans la mesure où ces exigences sont déjà très encadrées par la réglementation (en particulier pour les bureaux) et qu’elles sont devenues des éléments constitutifs incontournables de la valorisation de leurs actifs.
« Le marché gagne aujourd’hui en maturité, en particulier vis-à-vis des enjeux relatifs au carbone et à la biodiversité. Le défi de la collecte et de la fiabilisation des données ESG reste toutefois entier, nécessitant l’engagement des parties prenantes » observait Loïs Moulas, directeur général de l’Observatoire de l’immobilier durable (OID) lors de la publication d’une étude Aspim/OID sur les fonds immobiliers et l’ESG, en octobre dernier.
Si plus de 80% des fonds en termes d’encours ont aujourd’hui une stratégie ESG, « la maturité relative aux thématiques environnementales et sociales reste toutefois inégale », constatait cette étude.
« Alors que la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre semble acquise et maîtrisée, la biodiversité fait aujourd’hui l’objet de discussions sur le marché, vers la définition d’un indicateur commun. L’intégration des enjeux sociaux, encore peu explorée, que ce soit à l’échelle des actifs mais aussi du territoire, devrait s’accentuer dans les années à venir. »
Peu de fonds classés "article 9"
Pour l’essentiel (84%), les fonds immobiliers labellisés ISR sont classés "article 8" en vertu de la réglementation européenne entrée en application l’année dernière, une classification n’imposant que des exigences de base, les portefeuilles relevant de cette classification devant promouvoir des caractéristiques environnementales, sociales et de bonne gouvernance. Plus stricte, la classification "article 9", qui impose aux fonds de fixer des objectifs d’investissement durable, ne concerne que 15% des fonds labellisés.
Le label ISR fait actuellement l’objet de travaux de refonte visant à renforcer le niveau des exigences ESG. En avril dernier, le Comité du label en charge de ce chantier, a présenté des propositions qui devraient, à terme, rendre l’obtention du référentiel plus difficile.
Soumises à consultation au mois de mai, les propositions seront présentées formellement au ministère de l’Economie cet été. Le Comité espère que la nouvelle version du label puisse entrer en vigueur dès le début de l’année 2024 pour les nouveaux candidats au référentiel, et quelques mois plus tard pour les fonds déjà référencés.
*Cristal Life, Atout Pierre Diversification, Lafitte Pierre, Interpierre Europe Centrale, PFO, Log In, Altixia Commerces, Epargne Pierre Europe, NCAP Continent.
