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Mauvaise nouvelle pour les épargnants français : les derniers espoirs de voir le rendement du Livret A monter à 4% ont disparu.

On connaissait les boucliers qui protègent le pouvoir d’achat des Français mais c’est en quelque sorte un nouveau bouclier qui va avoir l’effet inverse pour de nombreux ménages : celui du plafonnement du taux de rémunération du Livret A et du Livret de développement durable et solidaire (LDDS). C’est en effet une grande surprise que cette proposition de la Banque de France de ne pas augmenter le taux de ces deux livrets à partir du mois prochain mais de les laisser à 3% alors que la formule de calcul indiquait un taux de 4,10%.
3% jusqu’en janvier 2025
La deuxième surprise provient de la suggestion de maintenir ce taux de 3% pendant 18 mois, soit jusqu’en janvier 2025 (prochaine révision en février 2025). Ces deux propositions ont été retenues par le Ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, qui avait confirmé précédemment qu’il suivrait les recommandations du gouverneur de la Banque de France.
Des arguments assez fallacieux
Sans rentrer dans une longue polémique, les arguments avancés par la Banque de France sont assez fallacieux et plutôt grossièrement repris par Bruno Le Maire. Premièrement, on nous dit que l’inflation a commencé à baisser : eh bien tant mieux mais la formule de calcul du taux du Livret A l’aurait répercuté en temps voulu. Il ne faut pas oublier que lorsque l’inflation était au plus haut, le taux du Livret n’en avait pas encore profité, justement parce que cette formule répercute l’inflation avec 6 mois de décalage. De quoi se demander aussi pourquoi cette formule de calcul, plutôt bien conçue avec un mix d’inflation et de taux d’intérêt bancaires à court terme de la zone euro, existe si c’est pour finalement la passer à la trappe pendant un an et demi…
Deuxième argument principal invoqué, augmenter le Livret A à 4% aurait de graves conséquences sur la production de logements sociaux. Vrai aussi puisque les bailleurs empruntent à des taux qui dépendent de celui du Livret A mais pourquoi ce seraient les épargnants qui devraient compenser ce risque ? Le gouvernement aurait très bien pu neutraliser cette hausse du financement pour le logement social. Derrière ces arguments se cachent aussi certainement les conséquences du lobby bancaire qui supporte une partie du coût de la rémunération du Livret A, sans oublier les assureurs vie qui commençaient à voir d’un mauvais œil la collecte des livrets battre des records.
La fausse bonne nouvelle
Le fait de maintenir ce taux à 3% pendant 18 mois est d’ailleurs loin d’être une bonne nouvelle comme l’a présenté Bruno Le Maire au journal de 13h de TF1. D’après nos calculs, avec une inflation hors tabac qui pourrait redescendre à 4,4% au deuxième semestre 2023 (selon les dernières projections de l'Insee) et des taux interbancaires qui vont continuer à répercuter avec retard la remontée des taux directeurs, la formule de calcul aurait certainement donné un taux au moins proche de 4% lors de la prochaine révision en février 2024. Ce n’est qu’à partir de l’été 2024 que la formule aurait répercuté la baisse de l’inflation pendant que les taux interbancaires ne baisseront sûrement pas beaucoup. Pour résumer, c’est donc quand même au moins 1 point de rendement de perdu pendant 12 mois…
L’épargne populaire est la seule gagnante
La vraie bonne nouvelle ne concerne donc par le Livret A et le LDDS mais le Livret d’épargne populaire (LEP). C’est l’autre surprise, les pouvoirs publics ont décidé de déroger exceptionnellement à la formule de calcul du taux du LEP calquée entièrement sur l’inflation qui induisait une baisse à 5,6%. Ce sera finalement 6% (6,1% aujourd’hui) pour favoriser l’épargne populaire à travers ce livret sous conditions de ressources. Et pour que les nombreux titulaires qui ont déjà rempli leur LEP au plafond de 7.700 € en profitent, ce plafond va être augmenté à 10.000 €.
a retenir
Un livret A rempli au plafond de 22.950 € va rapporter cette année environ 669,4 € d’intérêts annuels sur la base d’un taux moyen de 2,92% (2% en janvier et 3% de février à décembre) si aucun retrait n’est effectué durant 12 mois.
Pour le LDDS (12.000 € de plafond), le même calcul amène à 350€ de rendement annuel.
