Pas de surprise pour le LEP, une décision très politique pour le Livret A...

C’est cette semaine, juste après la publication jeudi matin des chiffres définitifs de l’inflation du mois de juin, que seront annoncés les nouveaux taux de rémunération du Livret A, Livret de développement durable et solidaire (LDDS) et Livret d’épargne populaire (LEP) applicables à partir du 1er août.
5,6% pour le LEP
Pour le LEP, il n’y aura aucune surprise puisque la formule de calcul, directement dérivée des prix à la consommation (hors tabac), s’applique sans dérogation possible dans le but de protéger l’épargne populaire de l’inflation. Ce sera donc 5,6%, soit la moyenne de l’inflation annuelle des 6 derniers mois. Cela correspond à une baisse de 50 points de base par rapport à une rémunération actuelle de 6,1%.
S’agissant du Livret A et du LDDS qui partagent la même formule de calcul, l’incertitude plane toujours car il est très peu probable que cette règle soit appliquée à la lettre. C’est un véritable casse-tête pour les autorités publiques qui doivent arbitrer entre la préservation du rendement réel du support d’épargne préféré des Français dans le contexte inflationniste que nous connaissons et le coût induit pour les établissements financiers et le logement social dont les taux d’emprunt dépendent de celui du Livret A.
Une formule de calcul détournée
Il y a pourtant bien une formule de calcul qui répercute enfin le pic d’inflation et conduit donc à une nouvelle forte hausse du taux de rémunération du Livret A et du LDDS à partir du 1er août. Sur la base d’une moyenne d'inflation de 5,6% sur les 6 premiers mois de l’année et d’une moyenne semestrielle de l’€STR d’environ 2,65%, ce taux théorique est de 4,10%.
Comme en janvier dernier lors de la précédente revalorisation du rendement des deux livrets, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, devrait cependant proposer de minorer ce taux théorique. La décision finale revient ensuite au gouvernement mais le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a assuré début mai sur France Info qu’il retiendra la proposition de la Banque de France comme il l’a toujours fait, tout en insistant sur sa responsabilité de « protéger l'épargne des Français, surtout dans cette période de crise ». Des propos assez ambigus car si le ministre voulait vraiment protéger l'épargne des Français de l’inflation, le plus simple serait de laisser la formule de calcul le faire.
C’est dans ce contexte que le lobby bancaire s'est beaucoup fait entendre ces derniers mois, jusqu’au directeur général de la Caisse des Dépôts, Eric Lombard, qui plaide pour une stabilité du taux du Livret A à 3%. Les banques ne supportent en fait qu’une partie de la charge des intérêts du Livret A, c’est-à-dire à hauteur des fonds qu’elles centralisent, la Caisse des dépôts en prenant la majorité à sa charge (59,5% du total) pour financer le logement social. Mais avec 400 milliards d’euros accumulés par les Français sur le Livret A, l’enjeu financier est de taille.
Deux scénarios principaux
Plusieurs scénarios peuvent être envisageables pour la proposition de la Banque de France. Le premier, le plus souhaitable pour les épargnants Français, serait d’arrondir à 4% le prochain taux du Livret A et du LDDS. Le deuxième, à priori le plus probable, serait de minorer davantage le taux théorique à 3,50% (voire 3,75%), sachant que François Villeroy de Galhau avait jugé souhaitable en février dernier que les mouvements de taux du Livret A et du LDDS restent « progressifs plutôt que trop volatils, et ceci à la hausse comme un jour potentiellement à la baisse ».
A savoiR
Un LEP rempli au plafond de 7.700 € devrait rapporter cette année environ 444 € d’intérêts sur la base d’un taux de rémunération moyen de 5,77% (4,6% en janvier, 6,1% de février à juillet et 5,6% d’août à décembre) qui couvrira largement l’inflation. Pour un couple, cela peut représenter près de 900 € de gains à condition de disposer de 15.400 € d’épargne et de ne pas y toucher pendant 12 mois.
a retenir
Pour un livret A garni au maximum de 22.950 €, avec le scénario d’un taux fixé à 3,5% à partir d’août, on obtient dans les mêmes conditions un peu plus de 717 € d’intérêts annuels sur la base d’un taux moyen de 3,125% (2% en janvier, 3% de février à juillet et 3,5% d’août à décembre).
Pour le LDDS (12.000 € de plafond), le même calcul amène à 375€ de rendement annuel.
