Les économistes de BPCE prévoient cette année une décollecte historique de plus de 40 milliards d’euros sur les comptes courants.

2023 est l’année du « grand chamboulement des placements financiers », observent les économistes du groupe bancaire BPCE. « Les craintes et le stress des ménages vis à vis de l’inflation ont baissé d’un cran, la situation s’améliore au niveau des anticipations et du pouvoir d’achat avec un sentiment de dégradation qui pèse moins que sur les trimestres précédents », estime Alain Tourdjman, directeur des études économiques du groupe BPCE.
Un taux d’épargne qui va rester élevé
Pour autant, l’aspiration à épargner reste puissante, si bien que BPCE prévoit une relative stabilité du taux d’épargne des Français à un niveau élevé compris entre 17% et 18% de leurs revenus disponibles en 2023 et 2024. Revenu à 17,5% en 2022, ce taux d’épargne, qui correspond au solde des revenus non consommés, était monté jusqu’à près de 21% en 2020 et se situait encore à 19% en 2021 alors qu’on évoluait entre 14% et 15% avant la crise sanitaire.
Dans ce contexte où les motifs d’épargne de précaution restent importants, le taux d’épargne des ménages semble donc appelé à décroître plus lentement que prévu, en dépit de la sur-épargne toujours accumulée par des ménages aisés. Les changements les plus marquants dans l’affectation de cette épargne viennent de la forte baisse des dépôts à vue qui dorment sur les comptes courants.
Réallocation des comptes courants
Les économistes de BPCE prévoient cette année une décollecte historique de plus de 40 milliards d’euros sur ces comptes courants. Les livrets réglementés (Livret A, LDDS, LEP) seront bien sûr les grands bénéficiaires de cette tendance, comme on l’observe déjà depuis plusieurs mois, d’autant que le taux de rémunération de 3% du Livret A et du LDDS a rejoint le seuil psychologique de 3% susceptible d’accélérer les arbitrages. Il aurait d’ailleurs été intéressant de voir à quel point un rendement de 4% pour ces deux livrets à partir du mois d’août aurait influencé la tendance, si le gouvernement n’avait pas bloqué ce taux mais appliqué la formule de calcul…
Le retour des comptes à terme
Les arbitrages sont également spectaculaires sur les comptes à terme qui ont retrouvé des taux attractifs. Il n’est pas rare aujourd’hui de trouver entre 3% et 3,5% brut sur 2 à 3 ans. « C’est du jamais vu », soulignent les économistes de BPCE qui tablent sur une collecte supérieure à 50 milliards d’euros sur les comptes à terme cette année, avec une volonté des banques d’attirer de la liquidité sur ce support. En parallèle, la décollecte devrait se s’accélérer sur les PEL (Plan d’épargne logement) dont les dernières générations ne rapportent que 0,7% net d’impôt. L’assurance vie garderait une collecte positive même si BPCE reconnaît que la hausse des taux réglementés semble avoir commencé à mordre sur l’assurance vie à partir du mois de mai. Les placements en actions retrouveraient par ailleurs de la vigueur en 2023.
Un net recul des placements financiers
Au total, principalement avec cette réallocation des comptes courants, les flux de placements financiers des ménages reculeraient pratiquement de moitié cette année autour de 45 milliards d’euros après 82 milliards en 2022 et jusqu’à plus de 138 milliards en 2020, un montant astronomique lié à la crise sanitaire. Une tendance accentuée aussi cette année par la forte hausse des taux d’emprunt immobiliers qui impose souvent aux acquéreurs de mobiliser davantage d’apport personnel puisé dans leur épargne ou implique une plus forte probabilité de mobiliser une épargne existante pour financer des travaux…
