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Effet vase communicant entre les comptes courants et l'épargne rémunérée des Français depuis le début de l'année...

Le montant total de l'argent placé des ménages sur leurs supports financiers a marqué le pas au 1er trimestre : atteignant 21,6 milliards d’euros nets, ces flux ont baissé de 5,3 milliards d’euros par rapport au 4e trimestre 2023, d’après la Banque de France.
La baisse a été principalement due à un décrochage des placements en fonds en euros de l’assurance vie, dont la décollecte a atteint 5,5 milliards d’euros sur trois mois, combinée à un ralentissement des placements sous formes de titre : -1,2 milliard d’euros pour les actions cotées, et -3,8 milliards d’euros pour les fonds non monétaires - en lien avec le décrochage des indices boursiers au mois de mars, tandis que les fonds monétaires ont continué de profiter de la hausse de leur rendement (+1,5 milliard d’euros au T1, après +1,2 Md€ au T42022).
Les flux nets des actions non cotées se sont également maintenus en territoire positif à +3,6 milliards d’euros, après +5,6 milliards d’euros au trimestre précédent.
Sans surprise – avec la hausse des taux d’intérêt de l’épargne réglementée au 1er février (3% pour le Livret A et le LDDS, 6,1% pour le LEP), les dépôts des ménages sur les livrets se sont maintenus à des niveaux très élevés : +16,3 milliards d’euros nets entre janvier et mars, après +15,5 milliards d’euros entre octobre et décembre. Ces dépôts ont été principalement alimentés par l’argent des comptes courants, dont les liquidités ont baissé de 20,6 milliards d’euros sur le seul premier trimestre 2023.
Décollecte de l’épargne logement
Avec des emprunts immobiliers aux conditions d’accès plus difficiles (hausse des taux, limites du taux de l’usure) nécessitant plus d’apport pour les achats immobiliers, la décollecte des comptes épargne logement s’est par ailleurs accélérée : 7,7 milliards d’euros de retrait au 1er trimestre, après 2,7 milliards d’euros de décollecte au 4e trimestre de l’année dernière, et -1,9 milliards d’euros au trimestre précédent.
Pour le 2e trimestre, cette dynamique générale devrait rester similaire, avec une reprise attendue des placements en actions et fonds cotés, portés par la reprise des indices. D’après les estimations de la Banque de France, ce sont près de 50 milliards d’euros des dépôts à vue qui se sont déplacés vers les livrets réglementés entre le mois de janvier et la fin mai (soit près de 30 milliards d’euros supplémentaires en avril et mai), et 32 milliards d’euros nets placés sur les comptes à terme, qui retrouvent de l’attrait en raison du relèvement des taux.
Bientôt la fin de l’effet taux sur les livrets ?
Alors que le gouvernement a annoncé la semaine dernière le gel du taux de rendement des livrets A et LDDS pendant 18 mois à 3%, la seconde partie de l’année pourrait observer un renversement de tendance. « Faute de relèvement de la rémunération, l’effet taux ne pourra pas jouer sur la collecte, notait après cette annonce l’économiste Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Epargne. Cette dernière devrait néanmoins se maintenir à un bon niveau sans pour autant égaler les montants records enregistrés sur le premier semestre. Le second semestre étant en règle générale, plus axé dépenses qu’épargne, la collecte devrait s’atténuer surtout en fin d’année. »
