Croissance timide de la finance solidaire en 2022

Après deux belles années de croissance à deux chiffres, la finance solidaire n’a progressé "que" de 7,37% en 2022 pour atteindre 26,3 milliards d’euros, révèle la dernière édition annuelle du Baromètre de la finance solidaire FAIR/La Croix. Avec 1,8 milliards d’euros récoltés sur un an, les flux d’encours net de cette branche de l’investissement responsable ont ainsi baissé de 3,3 milliards d’euros par rapport à l’année précédente.

Essoufflement de l’ "effet d’aubaine" entraîné par la pandémie de Covid (qui avait sensibilisé beaucoup d’épargnants aux projets responsables), et, surtout, correction des marchés financiers ont ralenti nettement les flux orientés vers les projets solidaires, malgré une bonne dynamique de souscription des épargnants, portée notamment par une réglementation plus favorable, les distributeurs de contrats d’assurance vie ayant depuis le 1er janvier 2022 l’obligation de proposer au moins un support solidaire dans leurs contrats.

Des souscriptions dynamiques

Ainsi, en dépit de ce ralentissement, la part que représente la finance solidaire dans l’épargne des Français a tout de même progressé, passée de 0,41% à 0,45%. « Si les ménages ont cessé de surépargner après la crise sanitaire et que les marchés financiers ont reculé, la collecte solidaire a bénéficié de nouvelles labellisations (onze nouveaux produits labellisés Finansol), de souscriptions fortes et du dynamisme de quelques produits particuliers, note Frédéric Tiberghien, Président de FAIR. Autre point intéressant cette année, les acteurs de la finance recommencent à investir dans des projets environnementaux (+114%), alors que ces derniers avaient été laissés de côté ces dernières années, au profit de projets sociaux (habitat / accès à l’emploi) », relève-t-il.

Dans le détail, la collecte l’épargne bancaire a progressé de 5,51%, celle de l’épargne salariale de 8,51% et celle directement collectée par les entreprises solidaires de plus de 9%.

Pour ce dernier canal, le dynamisme a été porté par quelques gros acteurs qui concentrent cette épargne (Habitat & Humanisme, France Active, Terre de Liens, LITA.CO, la Nef, Solifap…).

Pour les produits bancaires – dont la croissance a chuté cette année, passée de 38% en 2021 à 5,5% en 2022 – ce sont surtout les livrets qui ont perdu du terrain (entre -5% et -28% de l’encours selon les acteurs) même si, assez paradoxalement, en parallèle, leurs encours ont progressé au global de 7,4% pour atteindre 2,9 milliards d’euros d’encours.

« Certains acteurs qui ont surperformé en 2022 : La Nef, le Crédit Coopératif et le Crédit Mutuel/CIC ont collecté près de 250 millions d’euros à eux seuls. Les collecteurs d’épargne bancaire ont donc connu une année en demi-teinte où certains ont réussi à collecter de façon significative, tandis que d’autres ont perdu des clients », décrypte FAIR.

Du côté des organismes de placements collectifs (que l’on retrouve dans différentes enveloppes fiscales, dont l’assurance vie en unités de compte), la dynamique est restée « bonne, bien que le marché traditionnel soit baisser en 2022 », grâce à la labellisation de nouveaux produits et les souscriptions des épargnants (+730 M€).

Une croissance « principalement apportée par certains produits tels que Novaxia R ou dans une moindre mesure certains produits de Mirova, Amundi, et BNP Paribas AM qui ont connu une augmentation de leurs encours ». La grande majorité des produits labellisés Finansol ont toutefois connu un effet marché négatif (-400 M€).

Même tendance observée en matière d’épargne salariale – qui constitue la première contribution aux encours de l’épargne solidaire, à 15,3 milliards d’euros - où les montants des souscriptions ont été supérieurs à la baisse du marché.