
Olivier Raingeard Directeur des investissements chez Neuflize OBC
“Nous accentuons notre sous-pondération en actions
Boursier.com : Neuflize OBC est passé en "sous-pondération" sur les actions au début de l'été, quelle est votre attitude désormais ?
O.R. : Nous accentuons notre sous-pondération en actions, considérant que la visibilité sur les perspectives économiques (croissance, inflation, politique monétaire) se réduit encore davantage pour les 6 prochains mois, avec une récession pour les pays occidentaux. Les valorisations s'affichent autour de leur moyenne historique, légèrement en deçà. Sur leur niveau actuel, les primes de risque n'offrent pas de coussin de sécurité suffisant pour acheter, notamment en raison de la remontée des taux d'intérêt...
Boursier.com : Les résultats des entreprises se sont toutefois bien tenus au deuxième trimestre...
O.R. : Mais nous pensons que cela ne perdurera pas. Ils sont attendus en hausse de 7% à 12 mois et ces attentes sont trop optimistes eu égard à la dégradation escomptée de l'économie mondiale. Les révisions à la baisse excèdent désormais les révisions à la hausse et les ajustements devraient se poursuivre sur les prochains mois jusqu'à matérialiser, selon nous, une anticipation de recul des bénéfices courant 2023. Au final notre allocation d'actifs Equilibre fait ressortir une part d'actions de l'ordre de 45%, contre 65% en novembre 2021.
Boursier.com : Quand se repositionner sur les actions ?
O.R. : Si le scénario économique qui est le nôtre se déroule, à savoir une croissance économique négative lors du T4 2022 et du T1 2023, mais finalement brève, il faudra se poser la question d'un repositionnement progressif des liquidités sur les actions dès la fin d'année 2022, les marchés financiers anticipant toujours les mouvements de l'économie plusieurs mois en avance...
Boursier.com : Le discours très "Hawkish" de Jerome Powell à Jackson Hole est-il intégré par les marchés ?
O.R. : Ils ont marqué le coup après ce discours à la teneur inattendue et consolident depuis. Jerome Powell a indiqué d'une part que la Fed devrait adopter une politique monétaire restrictive et qu'elle ne s'engagerait pas dans un chemin inverse rapidement. Autrement dit, elle ne pratiquera pas la politique monétaire de "stop and go" comme ce fut le cas dans les années 70.
Boursier.com : Et la BCE ?
O.R. : Les pressions inflationnistes et l'affaiblissement de l'euro poussent la BCE à durcir sa politique monétaire. Elle devrait poursuivre ce mouvement et nous pensons qu'elle augmentera ses taux de 75 points de base ce jeudi auquel elle pourrait ajouter 75 points de base d'ici la fin d'année pour amener son taux directeur à 2%.