
Daniel Gérino Directeur de la Gestion et Président de Carlton Sélection
“Le CAC40 à 4.600 points d'ici la fin d'année...
Boursier.com : Les marchés cèdent un peu de terrain depuis plusieurs séances. On a l'impression que les annonces de la BCE et de la Fed, digérées, il n'y a plus de catalyseurs à la hausse...
D.G. : Les marchés ont été alimentés par la politique des banques centrales qui les a un peu placés sous morphine. Cela a bien fonctionné tant que les banques centrales parviennent à faire passer le message qu'elles injectent des liquidités. Mais aujourd'hui, le bilan de la Fed représente environ 20% du budget des Etats-Unis. Le bilan de la BCE est encore à 17% 18% du budget de la zone Euro. Il faut que l'économie réelle prenne le relais! Il faut que l'argent reparte dans la sphère réelle, c'est bien le souhait de Mario Draghi. Toutefois, j'ai peur que cela soit difficile. Les banques sont-elles vraiment si frileuses à prêter? Je ne le crois pas et je pense qu'il y a tout simplement peu demande de crédit ! Car le manque de confiance est criant en zone euro. L'Europe est traumatisée par ses déficits et n'a pas connu d'électrochoc comme celui du gaz de Schiste aux Etats-Unis. Aujourd'hui, la BCE tente de casser le cercle vicieux : pas de crédit pas de croissance, baisse des prix...
Boursier.com : Quel est votre sentiment sur l'évolution à venir du marché parisien sur la fin d'année 2014?
D.G. : Je pense que le CAC40 devrait se rapprocher des 4.600 points d'ici la fin d'année. Nous évoluons tout de même dans un monde dont la croissance, en 2014, sera comprise entre 3 et 3,5%. Le redémarrage américain se déroule avec une certaine intensité. Les grandes sociétés françaises vont bénéficier de ce contexte mondial favorable. Le principal danger est constitué par les taux d'intérêt excessivement bas. On ne mérite pas ce niveau si bas de taux d'intérêt en France...
Boursier.com : Quelles sont les secteurs qui, à vos yeux, sont à des cours attractifs ?
D.G. : Nous aimons le secteur de l'Energie et celui des matières premières. A l'inverse, les services aux collectivités ne nous intéressent pas étant donné les endettements publics. Les Télécoms non plus, avec leur business model qui s'auto-détruit. Le secteur bancaire est à jouer, pas tout de suite. Une fois l'"AQR" (Asset Quality Review, NDLR) achevée, le secteur repartira fortement, le nettoyage des bilans ayant été opéré. La BCE a le souci de relancer la croissance économique, cela passe par du crédit bancaire.
Boursier.com : L'accès de faiblesse actuel des marchés peut-il constituer un point d'entrée?
D.G. : Absolument. Nous sommes positifs sur l'évolution des marchés actions, mais nos positions sont couvertes, et nous ne sommes pas en train de les découvrir, car le marché peut encore dévisser! Ce qui pourra constituer des points d'entrée pour le deuxième semestre. Les fondamentaux économiques sont bons. Entre 3 et 3,5% de croissance pour l'économie mondiale, c'est significatif. Nos économies sont aujourd'hui plus matures, avec moins d'excès de liquidités ou dans la valorisation de l'immobilier.
Boursier.com : Quels sont les dossiers favoris de Carlton Sélection?
D.G. : Nous avons beaucoup travaillé Tesla Motors, qui est selon nous le futur Google! Nous détenons aussi des titres Natixis, pour jouer le rebond des banques. Des valeurs du bâtiment, comme Saint-Gobain ou Lafarge vont représenter un intérêt et peuvent être placées en portefeuilles pour jouer le marché l'immobilier en Allemagne, où les prix remontent. Des valeurs dans les matières premières alimentaires sont aussi à jouer car le monde va avoir de plus en plus besoin de protéines!