
Alexandre Hezez Directeur de la Gestion Financière chez Richelieu Gestion
“Les marges des entreprises devraient se retrouver sous pression à l'avenir
Boursier.com : Quelle est votre lecture de la croissance mondiale ?
A.H. : La consommation et les services tirent la faible croissance dans l'ensemble des grands pays. En revanche, la production manufacturière est plus fragile. Aux Etats-Unis, le marché du travail reste un soutien essentiel pour les consommateurs. Néanmoins, des vulnérabilités économiques restent notables. Malgré tout, l'économie américaine ne semble pas être en récession actuellement. En fin de compte, les tensions entre l'élan économique et les fissures comme le logement, l'industrie manufacturière ou les banques rendent l'économie des Etats-Unis vulnérable à des chocs supplémentaires...
Boursier.com : L'immobilier américain constitue-t-il un gros risque ?
A.H. : Le rapport entre le montant des paiements requis au titre de la dette des ménages et le revenu disponible reste à des niveaux modestes après avoir atteint un niveau historiquement bas au premier trimestre 2021. A l'exception des cartes de crédit, seule une petite partie de la dette des ménages est soumise à des taux variables, ce qui devrait limiter l'effet de la hausse des taux d'intérêt à court terme. Pour la plupart des autres types de dettes des ménages, la hausse des taux d'intérêt n'augmente les coûts d'emprunt que pour les nouveaux prêts... Il n'y a donc pas de risque systémique sur l'immobilier.
Boursier.com : Que pensez-vous des résultats des entreprises ?
A.H. : Dans l'ensemble, le cru du 1er trimestre 2023 ressort positivement avec des bénéfices par action 6% supérieurs aux attentes. Néanmoins, cela n'a souvent pas suffi et les bonnes publications ont à peine été saluées alors que les rares déceptions ont été lourdement sanctionnées. Situées au plus haut historique, les marges devraient être sous pression à l'avenir au regard d'éléments cycliques et structurels comme la diversification de la chaine d'approvisionnement et la décarbonisation...
Boursier.com : Quelle est votre allocation d'actifs ?
A.H. : Depuis leur point bas, les actions de la zone euro ont progressé de 30% par rapport aux Etats-Unis. Nous pensons aujourd'hui qu'il faut prendre des gains sur la zone. Le meilleur de l'amélioration de l'activité dans la zone euro est probablement derrière nous. Contrairement à la dynamique de croissance qui pourrait atteindre son apogée, la BCE devrait rester ferme, en raison de la persistance de l'inflation, ce qui implique que le compromis croissance-politique devrait se détériorer...