Wall Street redouble de prudence, avant la Fed

(Boursier.com) — Wall Street prend le chemin de la baisse désormais ce mardi, après avoir terminé sans évolution notable hier lundi. Les opérateurs affichent leur prudence, en attendant le communiqué monétaire de la Fed et la conférence de Jerome Powell prévus demain soir. Le S&P 500 s'affiche en baisse de 0,58% à 4.427 pts, alors que le Dow Jones rend 0,61% à 34.415 pts. Le Nasdaq trébuche de 0,81% à 13.596 pts. Sur le Nymex, le baril de brut WTI gagne encore 1,1% à 91,5$. L'once d'or se stabilise à 1.953$. L'indice dollar abandonne 0,1% face à un panier de devises de référence. Sur le marché obligataire, le rendement du T-Bond à 10 ans atteint 4,33% - après un pic de 15 ans à 4,36% -, contre 4,41% pour le 30 ans. Le rendement du 2 ans atteint 5,07%, au plus haut depuis 2007 lui aussi.
La semaine boursière à Wall Street est dominée par la réunion de la Fed, qui se tient aujourd'hui et mercredi. Le communiqué monétaire de la banque centrale américaine est attendu demain soir à 20 heures, avant la traditionnelle conférence de presse de Jerome Powell à 20h30. La Fed devrait sans nul doute (probabilité de 99% selon FedWatch) choisir mercredi soir de laisser ses taux inchangés dans une fourchette allant de 5,25 à 5,5%, observant une pause après une phase de durcissement accéléré aux effets économiques décalés. Concernant la réunion suivante, des 31 octobre et 1er novembre, la probabilité est de 69% selon FedWatch que les taux restent au même niveau, contre 31% de 'proba' d'une hausse de taux d'un quart de point. Les opérateurs suivront attentivement les annonces de mercredi, tentant de déterminer si la Fed en a vraiment terminé avec ses hausses de taux ou si elle entend encore durcir sa politique pour s'assurer de maîtriser l'inflation. Il s'agira aussi de savoir durant combien de temps les taux vont rester à leur niveau élevé...
Une attention particulière sera portée au 'dot plot' de la Fed, qui présente sous forme de graphique à points les estimations des banquiers centraux US concernant les taux. Le 'dot plot' de septembre laisserait donc ouverte la possibilité d'un durcissement de 25 pb pour la réunion suivante, mais il reste à savoir dans quelles proportions.
Notons qu'hier, la Secrétaire au Trésor Janet Yellen a indiqué qu'elle ne voyait pas de signe que l'économie américaine risque de connaître un retournement. Ce mardi, Yellen ajoute que les États-Unis sont "vraiment sur la bonne voie" pour parvenir à un atterrissage en douceur, même si des répercussions de la situation chinoise ne sont pas exclues.
Parmi les données économiques de la semaine, l'indice du marché immobilier américain du mois de septembre mesuré par la National Association of Home Builders et Wells Fargo a surpris hier en forte baisse à 45, contre 50 de consensus et 50 un mois avant, au plus bas depuis avril.
Les mises en chantier de logements aux États-Unis pour le mois d'août 2023 sont ressorties aujourd'hui sur un rythme de 1,283 million d'unités, contre 1,44 million de consensus de place et 1,447 million pour la lecture révisée du mois de juillet. Les permis de construire, en revanche, sont remontés à 1,543 million d'unités, contre 1,44 million de consensus et 1,443 million un mois plus tôt.
Demain mercredi, les opérateurs prendront aussi connaissance du rapport hebdomadaire du Département à l'Énergie sur les stocks pétroliers domestiques.
Jeudi, la journée sera active, avec les inscriptions hebdomadaires au chômage, l'indice manufacturier de la Fed de Philadelphie, la balance des comptes courants, les reventes de logements existants ou encore l'indice des indicateurs avancés du Conference Board.
Vendredi, enfin, les investisseurs suivront l'indice flash PMI composite américain du mois de septembre.
Dans l'actualité des entreprises à Wall Street, AutoZone, détaillant américain en pièces et accessoires automobiles de rechange, a publié ce mardi. FedEx (après bourse), spécialiste du transport de colis, et le géant agroalimentaire General Mills (pré-séance), annoncent leurs derniers trimestriels demain. Darden Restaurants ou FactSet Research dévoilent leurs comptes jeudi.
Les valeurs
AutoZone (-1%), le détaillant américain en pièces et accessoires automobiles, a publié pour son quatrième trimestre fiscal clos fin août 2023 des revenus de 5,7 milliards de dollars, en augmentation de 6,4% en glissement annuel. La croissance domestique à comparable a été de 1,7%. Le bénéfice par action a été de 46,46$, contre 40,51$ un an auparavant. Le bénéfice opérationnel a progressé de 11% à 1,2 milliard de dollars. Le bénéfice net s'est amélioré de 7% à 865 millions de dollars. Le consensus de place était logé à 45,12$ de bénéfice trimestriel ajusté par action pour 5,61 milliards de dollars de revenus. Pour l'exercice, les revenus ont totalisé 17,5 milliards de dollars, en hausse de 7,4%, tandis que le bénéfice net s'est apprécié de 4% à 2,5 milliards de dollars ou 132,36$ par action.
Walt Disney (-3%) passe à l'offensive. Alors que le groupe coupe dans les coûts sur le segment streaming, il entend en revanche quasiment doubler ses investissements dans les parcs à thème à 60 milliards de dollars sur dix ans. Il faut dire que l'unité dédiée aux parcs, expériences et produits contribue fortement à la rentabilité du groupe et rattrape les errances du streaming vidéo, avec un bénéfice opérationnel de 2,43 milliards de dollars pour le trimestre clos.
Target (stable), le détaillant discount américain, a annoncé son intention de recruter près de 100.000 employés pour la saison des fêtes, et d'offrir par ailleurs d'importantes promotions dès le mois prochain. Les plans saisonniers de recrutement du groupe sont donc comparables à ceux des années précédentes, malgré le ralentissement attendu de la consommation pour ces fêtes. D'autres détaillants US réduisent quant à eux leurs recrutements pour la période. Macy's a indiqué hier qu'il allait engager 38.000 personnes à temps plein ou partiel pour cette saison des fêtes, contre 41.000 l'an dernier.
Alphabet (stable), la maison-mère de Google, a saisi la Cour européenne de justice (CJUE) pour invalider une amende de 2,42 milliards d'euros, environ 2,6 milliards de dollars, infligée par les autorités européennes pour un abus présumé de position dominante dans les services de comparaison en ligne, concernant Google Shopping. Le géant californien de l'Internet juge en effet que la Commission européenne n'a pas démontré le caractère supposé anticoncurrentiel de ses pratiques en la matière. Cité par Reuters, l'avocat de Google, Thomas Graf, estime ainsi que la Commission n'a pas démontré que le traitement des rivaux par la compagnie était abusif, et qu'une différence de traitement seule ne constituait pas une pratique anticoncurrentielle. La CJUE doit trancher sur la question dans les prochains mois.
Block (-2%). Alyssa Henry, la directrice générale de Square, unité du groupe fintech Block de Jack Dorsey, va quitter ses fonctions le mois prochain après neuf années au sein du groupe. Le départ interviendra le 2 octobre. Dorsey reprendra les fonctions de la dirigeante, selon une déclaration à la SEC, autorité américaine de marché.
Amazon (-3%) a débauché le directeur produit de Microsoft, Panos Panay, en charge notamment de Windows et Surface chez le géant software. Panay quitte donc le groupe de Redmond pour rejoindre le géant du commerce en ligne basé à Seattle, selon l'agence Bloomberg. Chez Amazon, il sera en charge du département incluant l'assistant vocal intelligent Alexa ou les enceintes connectées Echo. L'agence Bloomberg cite à ce sujet des sources familières de la question.
Nio Inc (-11%), le Tesla chinois, chute à Wall Street, alors que le concepteur de véhicules électriques a annoncé une offre d'obligations convertibles d'un milliard de dollars. Les obligations séniors d'échéances 2029 et 2030 pourront donc être converties en titres, renforçant le bilan mais diluant les actionnaires existants. Bloomberg note que d'autres petits acteurs de l'automobile électrique cotés à Wall Street, Fisker et Nikola, avaient précédemment opté pour de tels financements dilutifs afin de lever des fonds et de financer leurs opérations pour l'heure très gourmandes en trésorerie.
VinFast (stable), le constructeur automobile vietnamien coté à Wall Street, a annoncé pour son deuxième trimestre des livraisons quintuplées en comparaison du trimestre antérieur, à 9.535 véhicules. Le titre réagit toutefois très peu sur la cote américaine, alors que la valorisation demeure très élevée à 40 milliards de dollars, après une introduction en bourse qui avait vu les cours atteindre des niveaux stratosphériques, sans rapport avec l'activité réelle, du fait de l'étroitesse du flottant. Fin août, quelques jours après son IPO à Wall Street, VinFast capitalisait même 160 milliards de dollars, plus que GM, Ford et Volkswagen réunis. Pham Nhât Vuong, l'homme le plus riche du Vietnam, détient plus de 99% du capital. VinFast publiera ses comptes trimestriels détaillés après-demain.
U.S. Steel (+3%), le producteur américain d'acier, a indiqué hier que ses profits allaient dépasser les attentes de Wall Street pour le troisième trimestre, avec la hausse des prix et la baisse des coûts de matériaux. Le groupe précise que sur le trimestre, tous ses segments ont surperformé. Les prévisions du troisième trimestre comprennent l'impact anticipé de la grève de l'United Auto Workers (UAW), qui frappe les 'Big Three' américains de l'automobile depuis quatre jours. U.S. Steel dit tabler sur un bpa ajusté allant de 1,10 à 1,15$ sur le trimestre, contre environ 1$ de consensus. L'Ebitda ajusté est anticipé à environ 550 millions de dollars. Le groupe prévoit par ailleurs de terminer le trimestre avec une situation de trésorerie de 3 milliards de dollars.
Le mois dernier, le groupe avait fait savoir qu'il avait fait l'objet de multiples propositions, allant d'un rachat partiel à une acquisition totale. Cleveland-Cliffs, en particulier, avait effectué une offre de 7,3 milliards de dollars. L'offre à 35$ par action de 'Cleveland' avait été repoussée par U.S. Steel et jugée "déraisonnable", malgré la prime immédiate de plus de 40% alors offerte.
Instacart a confirmé une fixation du prix de son introduction en bourse à Wall Street en haut de fourchette, qui lui permettrait de lever 660 millions de dollars dans le cadre de ce qui constituerait l'une des principales "IPO" de l'année. Le service de livraison alimentaire a comme attendu revu en hausse ses prétentions, vendant 22 millions de titres à 30$ pièce. La fourchette indicative, de 28 à 30$, avait déjà été rehaussée suite au succès relatif de l'introduction d'Arm Holdings. Arm s'était envolé de près de 25% le 14 septembre pour sa première journée de cotation, mais a depuis reperdu pas mal de terrain.
Quoi qu'il en soit, Instacart serait valorisé près de 10 milliards de dollars sur la base du prix d'introduction de 30$. Les cotations débutent aujourd'hui sur le Nasdaq sous le symbole 'CART' et constitueront un nouveau test pour le marché à Wall Street. Notons que le 'pricing' de l'IPO du groupe marketing et d'automatisation des données Klaviyo intervient également aujourd'hui, tandis que l'Allemand Birkenstock Holding prépare aussi son arrivée sur la cote américaine.
Klaviyo, une firme de Boston active dans l'automatisation du marketing, a révisé à son tour en hausse sa fourchette d'introduction, entre 27 et 29$ par titre, comme attendu. La compagnie et ses actionnaires actuels entendaient auparavant proposer 19,2 millions d'actions dans une fourchette allant de 25 à 27$. Le haut de la nouvelle fourchette représenterait une valorisation boursière de 9 milliards de dollars environ. Le prix de l'offre sera fixé ce mardi. En haut de fourchette, la levée de fonds atteindrait 557 millions de dollars. Reuters avait indiqué la semaine dernière que l'opération avait été près de 20 fois sursouscrite. BlackRock et AllianceBernstein ont précisé qu'ils étaient susceptibles d'acquérir jusqu'à 100 millions de dollars de titres chacun.