Clôture de Wall Street : le Nasdaq rechute de 2,5%, au lendemain de la Fed

(Boursier.com) — Malgré une réaction initialement positive aux annonces de la Fed, la cote américaine s'est retournée à la baisse jeudi, plombée par le secteur technologique. Les grandes valeurs ont souffert, à l'instar d'Apple (-3,8%), Salesforce (-2,6%), Microsoft (-2,9%) ou encore Tesla (-5%) et Nvidia (-6,8%). Mercredi soir, la Fed a confirmé qu'elle mettrait fin dès mars 2022 à son programme d'achat d'actifs et qu'elle relèverait sans doute ses taux directeurs trois fois l'an prochain. Jeudi, la Banque d'Angleterre a créé la surprise en relevant ses taux directeurs pour faire face à l'inflation, tandis que la BCE a opté pour une voie plus prudente vers la normalisation.
A la clôture, le Dow Jones a cédé 0,08% à 35.897 points, tandis que l'indice large S&P 500 a reculé de 0,87% à 4.668 pts, et que le Nasdaq Composite, riche en valeurs technologiques et biotechs, a perdu 2,47% à 15.180 pts. La veille, malgré les annonces de la Fed, les trois indices avaient terminé en hausse respective de 1,08%, 1,63% et 2,15%.
Huit des 11 indices sectoriels du S&P 500 ont fini en hausse, dont l'énergie (+0,5%), les financières (+1,2%) et les matériaux de base (+1%), tandis qu'en queue de peloton, les "technos" ont abandonné 2,8%, les biens de consommation discrétionnaire ont lâché 2,2% et les services de communication ont reculé de 0,8%. Les dégagements ont frappé les secteurs de croissance les plus fortement valorisés, qui seraient les plus affectés par une remontée des taux d'intérêts.
La Banque d'Angleterre ouvre le bal des hausses de taux
Dans l'actualité très chargée pour les banques centrales, la Banque d'Angleterre a donc surpris les marchés, jeudi, en devenant la première grande banque centrale à relever ses taux directeurs (de 0,1% à 0,25%) pour la première fois depuis le début de la pandémie de coronavirus. L'objectif affiché est de freiner l'inflation, qui devrait culminer à 6% sur un an en avril prochain au Royaume-Uni, a indiqué la BoE. Un peu plus tôt, jeudi matin, la Banque de Norvège avait décidé, à l'unanimité, de relever son taux directeur de 0,25% à 0,5%, tandis que la Banque nationale suisse a maintenu le statu quo.
De son côté, la BCE a commencé à réduire la voilure, mais de façon plus prudente. La banque centrale européenne a ainsi confirmé jeudi la fin de son programme d'achats en période de pandémie (PEPP) en mars prochain, mais elle va en parallèle muscler son programme "classique" pour maintenir un bon niveau de soutien dans un contexte sanitaire et économique encore incertain. La patronne de la BCE, Christine Lagarde, a en outre jugé très peu probable une hausse des taux en 2022 malgré l'inflation qui a atteint 4,9% en novembre dans la zone euro.
"Un réel risque que l'inflation soit plus persistante", pour Jerome Powell
Aux Etats-Unis, où le cycle de reprise est plus avancé qu'en Europe, la Réserve fédérale américaine a adopté un ton plus "faucon"' mercredi soir, en annonçant la fin anticipée de ses achats d'actifs massifs dès mars 2022. Surtout, la Fed envisage désormais de procéder à non moins de trois hausses de taux d'un quart de points l'an prochain. Cela porterait le taux des "fed funds" entre 0,75% et 1%, dans un contexte où l'inflation a atteint 6,8% sur un an en novembre.
Lors de sa conférence de presse, à l'issue d'une réunion de politique monétaire de deux jours, le président de la Fed Jerome Powell a refusé de se prononcer sur le calendrier d'une hausse des taux. Mais le délai entre la fin des rachats d'actifs, prévue en mars, et la remontée des taux (maintenus mercredi proches de zéro) risque d'être court. "Il y a maintenant un réel risque que l'inflation soit plus persistante" a ajouté le patron de la Fed, qui vient d'être nommé pour un second mandat de 4 ans par Joe Biden. "Je pense que nous sommes en mesure de faire face à ce risque. Nous sommes prêts à employer nos outils", a-t-il assuré.
Les marchés obligataires ont cependant peu réagi aux annonces des banques centrales, qui semblent avoir été largement anticipées ces dernières semaines. Le rendement du T-Bond à 10 ans cède jeudi 3 point de base à 1,42%, tandis qu'en Europe, celui du Bund allemand de même échéance a pris 1 point de base à -0,36%. Le rendement du Gilt britannique à 10 ans a gagné 2 pb à 0,75%.
Le dollar recule, le pétrole et l'or reprennent de la hauteur
Le marché des devises a été plus animé, avec une hausse de la livre sterling de 0,4% à 1,3312$ après la hausse de taux surprise de la BoE. L'indice du dollar cédait en revanche jeudi soir 0,56% à 95,97$ face à un panier de devises, tandis que l'euro s'affichait à 1,1333$ (+0,42%) après la décision de la Banque centrale européenne de réduire son soutien aux marchés.
Le pétrole est reparti en hausse dans l'espoir que la croissance économique se poursuivra l'an prochain malgré les incertitudes monétaires et sanitaires. Le baril de brut léger américain WTI a gagné 2,1% à 72,38$ (contrat à terme de janvier), de retour au plus haut depuis trois semaines. Le Brent de Mer du nord a avancé de 1,54% à 75,02$ (contrat de février).
L'or a vivement rebondi jeudi, regagnant 1,9% à 1.798,20$ l'once sur le Comex (contrat de février), frôlant à nouveau les 1.800$. Le bitcoin cédait en soirée 2,6% sur 24 heures autour de 47.944$, selon le site Coindesk.
Activité économique toujours soutenue aux Etats-Unis début décembre
De nombreux indicateurs économiques ont été publiés jeudi aux Etats-Unis, dont la production industrielle en novembre, qui a augmenté un peu moins que prévu, s'appréciant de 0,5% sur un mois contre 0,7% de consensus et après 1,7% en octobre.
Par ailleurs, l'indice flash PMI composite américain du mois de décembre 2021 est resté très solide, même s'il est ressorti un peu en dessous du consensus, à 56,9, contre 57,3 attendu. L'indice manufacturier flash s'est établi à 57,8 contre 58,3 de consensus, tandis que celui des services est ressorti à 57,5 contre 58,2 attendu. Ces chiffres sont solidement campés en territoire d'expansion (au dessus de 50).
L'indice manufacturier régional de la Fed de Philadelphie est en revanche ressorti très inférieur aux attentes en décembre, à 15,4 contre 30 de consensus de marché et après 39 en novembre. L'indicateur signale donc un très net ralentissement de l'expansion de l'activité manufacturière dans la région.
Les inscriptions au chômage aux Etats-Unis ont légèrement augmenté la semaine passée après être tombées au plus bas depuis septembre 1969 la semaine précédente. Pour la semaine close au 11 décembre, ces inscriptions ont atteint 206.000 (+18.000) alors que le consensus était positionné à 200.000, mais les chiffres restent bas, proches de leur niveau d'avant la crise du Covid.
Enfin, les mises en chantier de logements sont reparties en hausse en novembre aux Etats-Unis à 1,679 million d'unités, contre 1,57 million de consensus de place et 1,502 million en octobre. Les permis de construire ont grimpé à 1,712 million, contre 1,66 million de consensus et 1,653 million un mois plus tôt.
VALEURS A SUIVRE
Adobe (-10,2%) a décroché. Le groupe software aux marques InDesign, Acrobat, Photoshop, Illustrator et Flash, vient de publier ses comptes du quatrième trimestre fiscal. Les revenus ont atteint un record de 4,11 milliards de dollars, en croissance de 20%, pour un bpa dilué GAAP de 2,57$ et un bpa ajusté de 3,2$. Le consensus était de 3,2$ de bpa ajusté et 4,09 milliards de ventes. Les revenus du segment Digital Media ont dépassé les 3 milliards de dollars, en augmentation de 21%. Sur l'exercice, les ventes ont totalisé 15,8 milliards de dollars, pour un bpa ajusté de 12,48$. Le groupe table, pour 2022, sur des revenus voisins de 17,9 milliards de dollars et un bpa ajusté de 13,7$. Le consensus était plus élevé, à 14,26$ de bpa ajusté et 18,16 milliards de revenus.
Accenture (+6,7%) a bondi, le géant du consulting ayant dopé ses estimations 2022 de revenus et de profits. Accenture a déclaré qu'il s'attendait désormais à une croissance des revenus de l'exercice de 19% à 22% en monnaie locale, contre des perspectives de croissance de 12% à 15% publiées en septembre. Les analystes suivis par FactSet s'attendaient à une croissance des revenus de 11,5%. La compagnie a affiché un bénéfice net de 1,8 milliard de dollars, ou 2,78$ par action, pour le trimestre clos le 30 novembre, contre 1,5 milliard de dollars, ou 2,32$ par action, un an plus tôt. Les revenus ont atteint 14,96 milliards de dollars contre 11,76 milliards de dollars un an avant. Le consensus FactSet était d'un bpa de 2,64$ pour un chiffre d'affaires de 14,22 milliards de dollars. Le new bookings a atteint 16,8 milliards de dollars.
Jabil (+1%), le sous-traitant américain de production électronique, a annoncé pour son premier trimestre fiscal 2022 des revenus de 8,6 milliards de dollars, un bpa dilué GAAP de 1,63$ et un bénéfice ajusté par action de 1,92$. Le consensus sur la période était de 1,8$ de bpa ajusté et 8,29 milliards de dollars de revenus. Pour l'exercice fiscal 2022, le groupe table désormais sur des revenus de 31,8 milliards de dollars et un bénéfice ajusté par action de 6,55$, soit une révision en hausse de 20 cents en comparaison de la guidance de septembre.
Delta Air Lines (-2,2%). La compagnie aérienne américaine vient de relever ses anticipations avec la reprise du trafic aérien, tablant sur la rentabilité en 2022. Le groupe a fixé ses objectifs financiers pour les années à venir à l'occasion de sa journée d'investisseurs. La compagnie aérienne entend plus que doubler les sièges-miles (ASM) moyens en comparaison de 2019, année pré-pandémique, et vise un bénéfice par action de plus de 7,00$ en 2024. Le consensus FactSet table sur une perte de 4,55$ en 2021 et un bpa de 3,42$ en 2022. Pour le quatrième trimestre, Delta relève ses prévisions et ambitionne un bénéfice avant impôts ajusté d'environ 200 millions de dollars. La rentabilité 2022 est quant à elle attendue "significative".
Intel (+0,3%). Le patron du groupe a estimé que la pénurie de 'puces' pourrait durer jusqu'en 2023. Le Nikkei rapporte que lors d'une conférence de presse liée à l'annonce par Intel d'un investissement de 30 milliards de ringgits malaisiens (7,1 milliards de dollars) dans sa fabrication malaisienne, Pat Gelsinger, CEO d'Intel, a déclaré que la croissance de la demande avait continué de dépasser la capacité, en raison de l'effet de la pandémie de coronavirus sur les chaînes d'approvisionnement. En outre, l'homme fort d'Intel laisse entendre que la pénurie pourrait donc durer encore plus longtemps que prévu, jusqu'en 2023.
Lennar (-4%), le promoteur immobilier américain, a raté le consensus de profit sur le trimestre clos avec les problèmes de supply chain liés à la pandémie. Sur le quatrième trimestre fiscal, le bénéfice net dilué par action a grimpé tout de même de 39% à 3,91$. Le bpa ajusté s'est apprécié de 55% à 4,36$. Les revenus ont augmenté de 24% à 8,4 milliards de dollars. Les livraisons unitaires ont augmenté de 11% à 17.819. Les commandes nouvelles ont progressé de 2% à 15.539 unités, soit une valeur en dollars en croissance de 16%. Le backlog s'est amélioré de 26% en volume et 45% en valeur à 11,4 milliards de dollars.