Pour Bruno Le Maire, le bitcoin ne deviendra pas "un moyen de paiement à grande échelle" dans l'UE
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"Notre monnaie est l'euro et n'avoir qu'une seule monnaie pour payer l'impôt est une condition de notre unité", a affirmé le ministre de l'Economie.

(Boursier.com) — Le bitcoin pourrait-il remplacer l'euro ? Alors que les cryptomonnaies intéressent de plus en plus les particuliers, mais aussi les entreprises, le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a apporté des éclaircissements sur la vision qu'il porte aux monnaies virtuelles et est revenu sur les projets pour le secteur, notamment de faire de la France "le hub européen de l'écosystème des crypto-actifs", dans une interview accordée à 'BFM Crypto', dévoilé lundi.
"Nous voulons faire de l'Union européenne la première zone économique mondiale en matière de structuration et d'organisation du marché des crypto-actifs. Et nous voulons qu'en son sein, la France soit le hub européen de l'écosystème des crypto-actifs", a ainsi affirmé le locataire de Bercy, tout en mettant en garde notamment contre "la peur de l'innovation, la peur de la concurrence, la peur de la décentralisation", qui pourraient conduire à "étouffer l'écosystème crypto et ses potentialités au service de tous".
Pour autant, le ministre a émis des doutes sur plusieurs aspects des cryptomonnaies, réitérant son opposition à l'utilisation du bitcoin en tant que monnaie officielle. Alors qu'il est possible depuis septembre dernier de payer ses impôts en cryptomonnaie dans le Colorado, aux Etats-Unis, Bruno Le Maire a rejeté cette idée pour la France.
"N'avoir qu'une seule monnaie pour payer l'impôt est une condition de notre unité"
"Cela n'est pas à l'ordre du jour. Notre monnaie est l'euro et n'avoir qu'une seule monnaie pour payer l'impôt est une condition de notre unité. Je vois mal comment nous pourrions assurer l'égalité devant l'impôt si chacun choisissait sa monnaie pour payer ses impôts", a-t-il estimé. "Notre monnaie doit rester l'euro et le bitcoin n'a pas vocation à devenir un moyen de paiement à grande échelle dans l'Union européenne", a insisté le ministre de l'Economie, soulignant qu'il s'agit "d'abord d'un sujet de cohésion sociale" et "de souveraineté". "La monnaie, parce qu'elle est le moyen d'échanger des biens et services et de rémunérer le travail est au coeur de la confiance dans une société", a-t-il ajouté.
Pour rappel, les cryptomonnaies, comme le bitcoin, reposent sur la technologie Blockchain, qui permet la vérification et l'enregistrement de transactions dans un registre public, qu'il n'est plus possible ensuite d'altérer. Sur le plan juridique, elles ne dépendent d'aucune institution et ne peuvent "être épargnées donc constituer une valeur de réserve", comme le rappelle le ministère de l'Economie.
"Je crois aux vertus de la blockchain au service de l'euro"
Bruno Le Maire juge néanmoins que "l'affirmation de l'euro comme seule monnaie de référence" ne doit pas empêcher "de profiter des potentialités offertes par la blockchain", assurant suivre "avec intérêt les travaux de la BCE pour concevoir un euro numérique", qui est attendu au plus tard en 2027. Selon lui, ce projet "doit préserver notre souveraineté". Le ministre a également évoqué MiCa (pour "Market in crypto assets"), un projet de règlement européen en cours de discussion, qui doit permettre "le développement de stablecoins adossés sur l'euro". "Je crois aux vertus de la blockchain au service de l'euro, pas en l'abandon de celui-ci au profit du bitcoin", a-t-il déclaré.
Selon une étude parue en février dernier et réalisée par le cabinet de conseil KPMG sur commande de l'Association pour le développement des actifs numériques (Adan), 8% des Français ont déjà investi dans les cryptomonnaies, Un sondage Ipsos pour l'Adan dévoilé en janvier révélait également que 30% des Français envisageaient d'acquérir de la cryptomonnaie.
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