Wall Street : le narratif s'est tendu
Wall Street consolide encore avant bourse ce vendredi...

(Boursier.com) — Wall Street consolide encore avant bourse ce vendredi. Le S&P 500, le Dow Jones et le Nasdaq cèdent de l'ordre de 0,1%. La prudence prévaut au terme d'une semaine assez difficile, marquée par des statistiques n'allant pas forcément dans le sens de la Fed. Ainsi, les marchés ont été chagrinés en particulier par un ISM des services bien trop solide, ainsi que par des inscriptions au chômage inférieures aux attentes. En bref, cette résistance de l'économie américaine et du marché du travail repousse un peu plus les anticipations de 'pivot', alors qu'approche la réunion monétaire des 19 et 20 septembre qui devrait se solder par un statu quo (probabilité de 93% selon FedWatch) et qu'une nouvelle hausse des taux d'un quart de point n'est pas exclue pour la réunion du début du mois de novembre (probabilité de 42% d'une hausse de 25 points de base).
Notons que John Williams, patron de la Fed de New York, a défendu la politique monétaire actuellement restrictive. Selon lui, cette politique est "au bon endroit", alors que les discussions à propos de la récession américaine potentielle ont quant à elles disparu. Williams a expliqué aussi hier que la politique restait dépendante des données, n'excluant pas de nouveaux durcissements. "Nous observons un mouvement dans la bonne direction pour l'économie", a indiqué le responsable. L'inflation, quant à elle, reste "bien trop élevée", mais redescend. Les déséquilibres du marché du travail s'amenuiseraient pour leur part. Williams juge que l'économie ne traverse pas un cycle traditionnel d'inflation. Il ajoute qu'il y a des raisons de penser que les dépenses des consommateurs vont se modérer. En outre, il indique qu'il reste des données avant la prochaine réunion FOMC.
Raphael Bostic, dirigeant de la Fed d'Atlanta qui s'exprimait aussi hier, a noté la résistance du consommateur américain et estimé qu'il restait "beaucoup de dynamique" dans l'économie avec une demande toujours en hausse. Il a aussi disserté au sujet de l'évolution très significative des relations sino-américaines, et a dit ne pas savoir de quelle manière les tensions sur le marché immobilier chinois allaient se dénouer...
Les marchés continuent de digérer les retombées des informations selon lesquelles la Chine élargirait son interdiction sur l'iPhone d'Apple. Ce développement coïncide avec la sortie très médiatisée du nouveau smartphone Huawei, qui a suscité un débat sur les progrès de la Chine dans le développement de technologies avancés. Ces attaques de Pékin contre Apple interviennent aussi à quelques jours seulement de la présentation des nouveaux iPhones du groupe à la pomme. Le sentiment prudent du marché est également attribué à la dernière remontée des rendements obligataires, à la hausse du dollar, à celle du pétrole à son plus haut niveau en six mois, ainsi qu'au ralentissement de la dynamique de désinflation. Cependant, les derniers commentaires provenant de la Fed évoquent toujours une pause en septembre et des commentaires prudents ont été émis cette semaine par les responsables de la BCE et de la BoE. Par ailleurs, Citibank a abaissé sa prévision de croissance pour la zone euro pour 2023 de 0,8% à 0,4%, sur fond de données médiocres.
Le calendrier macro européen était relativement léger ce matin. L'indice final allemand des prix à la consommation est ressorti inchangé par rapport à sa lecture flash d'août (+0,4% en comparaison du mois antérieur en données harmonisées européennes, +6,4% sur un an). La production industrielle française a quant à elle largement battu le consensus en juillet, avec une hausse de 0,8% en comparaison du mois antérieur et de 2,7% sur un an. La production espagnole, en revanche, a trébuché de 1,8% contre -1,6% de consensus FactSet... La dernière mise à jour de la Confédération britannique du recrutement et de l'emploi montre que les embauches diminuent au rythme le plus rapide depuis plus de trois ans... Par ailleurs, le PIB du Japon a été révisé à la baisse plus que prévu en raison du ralentissement des investissements et de la consommation. Les salaires réels ont diminué à un rythme plus rapide. Le ministre japonais des Finances, Shunichi Suzuki, est le dernier en date à s'engager à réagir contre la volatilité excessive du yen...
L'actualité économique américaine est elle aussi relativement réduite ce jour, avec seulement les stocks et ventes de grossistes du mois de juillet (consensus -0,1% pour les stocks), ainsi que les chiffres du crédit à la consommation du même mois (+16 milliards de dollars de consensus FactSet).