L'Europe tentée par ses vieux démons nationalistes et guerriers ? (Juncker)
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Jean-Claude Juncker tire la sonnette d'alarme ! Le Premier ministre du Luxembourg, qui a longtemps présidé l'Eurogroupe, s'inquiète des mouvements...

(Boursier.com) — Jean-Claude Juncker tire la sonnette d'alarme ! Le Premier ministre du Luxembourg, qui a longtemps présidé l'Eurogroupe, s'inquiète des mouvements nationalistes qui enflent en Europe, notamment à l'occasion des récentes élections en Italie et en Grèce... Dans un entretien publié par l'hebdomadaire allemand 'Der Spiegel', M. Juncker évoque des "ressentiments nationaux que nous pensions disparus" depuis la fin de la seconde guerre mondiale et se dit "atterré" d'avoir vu en Grèce des affiches brandies par des manifestants, associant la chancelière allemande Angela Merkel au régime nazi.
De même, il regrette les critiques très violentes émises par certains hommes politiques allemands à l'encontre de la Grèce, qui ont causé des "blessures profondes" du côté d'Athènes. Quant à l'élection italienne, elle a fait ressortir pendant la campagne certaines positions "excessivement hostiles à l'Allemagne et de ce fait anti-européennes".
"Quiconque pense que l'éternelle question de la guerre et la paix en Europe n'est plus de mise se trompe lourdement. Les démons ne sont pas partis, ils ne sont qu'endormis, comme l'ont démontré les guerres de Bosnie et du Kosovo. J'ai froid dans le dos en m'apercevant des similitudes entre l'Europe de 2013 et celle d'il y a 100 ans". M. Juncker, qui a dirigé l'Eurogroupe, qui rassemble les ministres européens des Finances, de 2005 à janvier 2013, fait ainsi un parallèle avec la situation qui prévalait juste avant la guerre de 14-18 : "En 1913, beaucoup pensaient qu'il n'y aurait plus de guerre en Europe. Les grandes puissances du continent étaient si étroitement liées entre elles sur le plan économique qu'elles estimaient ne plus pouvoir se permettre une confrontation militaire"...
Face à ces dangers, le dirigeant européen plaide une nouvelle fois pour une Europe plus unie. Les gouvernements nationaux savent tous qu'ils ne peuvent se faire entendre sur la scène économique mondiale qu'"à travers le mégaphone de l'Union européenne".
La plupart des observateurs estiment que M. Juncker a volontairement forcé le trait sur les comparaisons historiques lors de cet entretien, afin de faire prendre conscience à la classe politique européenne de la gravité de la crise économique que traverse actuellement l'Union européenne.
Il reste que même en Allemagne, le pays le plus pro-européen de la zone Euro, un sondage TNS-Emnid pour le magazine 'Focus' a révélé hier qu'un quart des Allemands était prêt à voter pour un parti prônant une sortie de leur pays de la zone Euro, lors des législatives de septembre prochain... Et début mars, un nouveau mouvement politique, "Alternative pour l'Allemagne", s'est lancé avec pour slogan : "L'Euro, ça suffit !" ("Schluss mit diesem Euro"), et avec pour ambition de présenter des candidats aux élections de septembre...