BCE : "on ne peut pas dire que les taux ont atteint un pic" (Christine Lagarde)
Christine Lagarde s'exprime devant la presse à la suite de la dernière réunion de politique monétaire de la BCE...

(Boursier.com) — Christine Lagarde s'exprime devant la presse à la suite de la dernière réunion de politique monétaire de la BCE. La présidente de l'Institution européenne commence, comme à l'accoutumée, par lire le communiqué de presse dévoilé à 14h15. Elle fait ensuite le point sur la situation économique dans la zone euro en indiquant que la croissance montre des signes clairs de ralentissement et que les données récentes suggèrent un faible troisième trimestre.
La baisse de la demande pour les exportations de la zone euro et l'impact du resserrement des conditions de financement freinent la croissance, notamment en raison d'une baisse des investissements résidentiels et des entreprises. Le secteur des services, qui avait jusqu'ici bien résisté, s'affaiblit désormais également. Au fil du temps, la dynamique économique devrait s'accélérer, car les revenus réels devraient augmenter, soutenus par la baisse de l'inflation, la hausse des salaires et un marché du travail solide, ce qui soutiendra les dépenses de consommation.
À mesure que la crise énergétique s'estompe, les gouvernements devraient continuer à réduire les mesures de soutien associées. Cela est essentiel pour éviter d'accentuer les pressions inflationnistes à moyen terme, qui autrement nécessiteraient une réponse de politique monétaire encore plus forte, insiste encore une fois Christine Lagarde.
Concernant les prix, la dirigeante affirme que la plupart des mesures de l'inflation sous-jacente commencent à baisser à mesure que la demande et l'offre s'alignent davantage et que la contribution des augmentations passées des prix de l'énergie s'estompe. Dans le même temps, les pressions sur les prix intérieurs restent fortes. La plupart des mesures des anticipations d'inflation à long terme se situent actuellement autour de 2%. Mais certains indicateurs ont augmenté et doivent être surveillés de près.
President Christine @Lagarde introduces the inflation outlook for the euro area pic.twitter.com/pn6LNWLrpJ — European Central Bank (@ecb), via Twitter
Les risques pesant sur la croissance économique sont orientés à la baisse. La croissance pourrait être plus lente si les effets de la politique monétaire sont plus puissants que prévu ou si l'économie mondiale s'affaiblit, par exemple en raison d'un nouveau ralentissement en Chine. À l'inverse, la croissance pourrait être plus élevée que prévu si la vigueur du marché du travail, la hausse des revenus réels et la diminution de l'incertitude incitent les particuliers et les entreprises à devenir plus confiants et à dépenser davantage. Les risques haussiers pour l'inflation comprennent de nouvelles pressions potentielles à la hausse sur les coûts de l'énergie et de l'alimentation.
Si certains membres auraient préféré faire une pause, l'ancienne patronne du FMI souligne que une solide majorité était d'accord avec la décision du jour. C.Lagarde précise que les décideurs politiques ont dû gérer de nombreuses données provenant du personnel de la BCE avant de prendre la décision d'aujourd'hui. Ils ont fini par partager l'analyse sur le PIB et l'inflation, mais certains n'ont pas tous tiré les mêmes conclusions.
La dirigeante rappelle également que la BCE reste 'data dépendante' et qu'on ne peut pas dire aujourd'hui que la BCE est à un pic. "Le niveau et la durée comptent", indique C.Lagarde en référence aux taux, même si l'accent sera mis sur la durée, compte tenu de la formulation d'aujourd'hui. "Mais cela ne veut pas dire -- parce que nous ne pouvons pas le dire maintenant -- que nous sommes au sommet".
Interrogée sur le marché immobilier, devenu une source d'inquiétude croissante, la dirigeante affirme que le resserrement monétaire est l'un des facteurs à l'origine des problèmes rencontrés par le secteur. "Nous ne l'ignorons pas, mais la BCE s'est engagée à faire baisser l'inflation et à ne pas soutenir un secteur spécifique", ajoute-t-elle. Elle précise que les secteurs résidentiel et commercial " réagissent clairement " à la hausse des taux "mais nous sommes motivés par l'impératif de remplir notre mandat, qui est la stabilité des prix".
Il y a des signes clairs que la transmission de la politique monétaire est effective sur l'économie réelle. "Les hausses de taux d'intérêt se répercutent sur les conditions financières plus rapidement que lors des cycles précédents et ont un impact contraignant", note C.Lagarde.