BCE : le pic de taux vraiment atteint ?

BCE : le pic de taux vraiment atteint ?

La BCE fait logiquement la une de l'actualité financière au lendemain de la dixième hausse consécutive des taux d'intérêt de l'Institution européenne...

BCE : le pic de taux vraiment atteint ?
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(Boursier.com) — La BCE fait logiquement la une de l'actualité financière au lendemain de la dixième hausse consécutive des taux d'intérêt de l'Institution européenne. Si certains se demandent si la Banque ne pourrait pas être contrainte de resserrer encore une fois sa politique compte tenu d'une inflation obstinément élevée, deux membres de la BCE estiment que des taux de 4% pourraient suffire à maîtriser l'envolée des prix.

"Nous pensons qu'avec la dernière augmentation, le niveau des taux d'intérêt, s'il est maintenu à ce niveau pendant un certain temps, pourrait suffire à faire converger l'inflation vers l'objectif de 2%", a déclaré le vice-président Luis de Guindos à la radio espagnole 'Cope'. Le gouverneur de la Banque centrale estonienne, Madis Muller, s'est montré encore plus catégorique. Les décideurs politiques "ont clairement indiqué qu'à notre connaissance, aucune nouvelle hausse des taux d'intérêt n'était attendue dans les mois à venir", a-t-il affirmé dans un article de blog repris par 'Bloomberg'.

Ces commentaires sont bien plus forts que les remarques de la présidente Christine Lagarde jeudi : "Nous ne pouvons pas dire" que les taux ont atteint leur maximum, a-t-elle déclaré, tout en reconnaissant que l'attention se portera probablement désormais sur la durée pendant laquelle ils resteront à ces niveaux aussi restrictifs.

Chez les spécialistes, on estime aussi globalement que le pic de taux est désormais atteint. "Les hausses des taux successives nous rapprochent inexorablement de la dernière et du plafond à partir duquel la politique monétaire sera jugée comme suffisamment restrictive. Le risque existe néanmoins qu'en l'absence d'une tendance à la baisse des prix plus convaincante, la BCE considère sa bataille contre l'inflation inachevée, avec à la clé un risque de nouvelles hausses des taux à l'horizon. En ce sens, l'évolution des données macroéconomiques ces prochaines semaines sera décisive", affirme Raphaël Thuin, Directeur des stratégies de marchés de capitaux chez Tikehau Capital.

"Nous supposons que la Banque centrale européenne ne bougera plus jusqu'à ce qu'elle commence à abaisser lentement les taux d'intérêt au cours de l'été de l'année prochaine. Dans l'ensemble, il s'agira probablement de la dernière étape en matière de taux d'intérêt. L'économie de la zone euro s'affaiblit déjà suffisamment pour rendre très improbable une nouvelle hausse de l'inflation. Ce n'est que dans le cas, peu probable, où les taux d'inflation deviendraient vraiment incontrôlables et dépasseraient les prévisions d'inflation déjà très élevées de la BCE que cette dernière prendrait une nouvelle mesure de hausse", note pour sa part Martin Moryson, Chef Economiste Europe chez DWS.

"La décision d'aujourd'hui sur les taux a été très serrée et, en fin de compte, l'instinct de lutte contre l'inflation de la BCE a pris le pas sur les inquiétudes concernant la détérioration de la croissance. La dynamique toujours élevée de l'inflation sous-jacente, combinée à la hausse des prix du pétrole qui pose des risques à la hausse sur la trajectoire globale, signifie que la BCE ne pouvait pas se permettre d'attendre de voir ce qui se passera jusqu'à la prochaine réunion. Alors que ce qui sera très probablement la dernière hausse de ce cycle est désormais terminée, la BCE passe désormais en mode attentiste, tout en préservant son optionnalité", explique enfin Anna Stupnytska, Global Macro Economiste chez Fidelity International.

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