Télémédecine dans les gares SNCF : l'Ordre des médecins s'inquiète d'une "dérégulation" du système de santé

Télémédecine dans les gares SNCF : l'Ordre des médecins s'inquiète d'une "dérégulation" du système de santé
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Alors que SNCF Gares et Connexions va installer des espaces de télémédecine dans près de 300 gares d'ici à 2028, l'Ordre national des médecins a fait part de "sa très profonde inquiétude".

Télémédecine dans les gares SNCF : l'Ordre des médecins s'inquiète d'une "dérégulation" du système de santé
Crédit photo © SIPA

(Boursier.com) — Alors que les inégalités d'accès aux soins en France persistent, SNCF Gares et Connexions a récemment annoncé son intention d'installer des espaces de télémédecine dans près de 300 gares d'ici à 2028. "L'objectif est de faciliter l'accès aux soins des Français dans des zones ne disposant pas d'une couverture médicale suffisante", a précisé le gestionnaire des 3.000 gares ferroviaires françaises, qui a signé une promesse de Convention d'Occupation Temporaire (COT) avec Loxamed portant sur la capacité à déployer cette nouvelle offre.

Face à ce projet qui doit ainsi permettre de lutter contre les déserts médicaux, l'Ordre national des médecins a fait part ce lundi de "sa très profonde inquiétude". Cette évolution de l'offre prend "la tournure d'une véritable dérégulation de notre système de santé", s'alarme le Cnom (Conseil national de l'Ordre des médecins) dans un communiqué.

"Elle consacre de fortes inégalités territoriales d'accès aux soins, avec certains territoires qui seront encore un peu plus considérés comme de second rang, sans compter ceux éloignés de toute gare", poursuit-il, ajoutant que "cette proposition détournera des professionnels de santé qui seront ainsi moins disponibles pour exercer dans les territoires les plus vulnérables" et ne répond pas "aux exigences du Code de la Santé Publique".

Appel à "améliorer la desserte ferroviaire"

"L'installation de ces boxes interroge sur les choix de l'Assurance Maladie que de favoriser par son remboursement la télé-consultation, par rapport à l'exercice habituel des médecins", souligne également l'Ordre des médecins, qui appelle "bien davantage l'entreprise ferroviaire publique française à améliorer la desserte ferroviaire des territoires les plus enclavés, véritable enjeu d'attractivité des territoires vis-à-vis de l'installation des professionnels de santé".

De son côté, SNCF Gares & Connexions, qui se dit "conscient que la couverture du territoire en offre de soins de proximité est une priorité nationale", estime que ce projet répondra à plusieurs enjeux : "faciliter la couverture du territoire par une offre de santé de proximité en s'appuyant sur le réseau de gares (90% de la population réside à moins de 10 km d'une gare)" ; "répondre à un besoin exprimé par les clients qui plébiscitent les services de santé en gare et en demandent de nouveaux, leviers de fluidité dans leurs parcours" ; et "appuyer des stratégies locales et soutenir l'action des collectivités".

Près de 300 gares sont concernées par ces futures installations. Ces gares se trouvent dans les zones d'intervention prioritaires (ZIP) et les zones d'action complémentaire (ZAC), qui se caractérisent par une offre de soins limitée et des difficultés d'accès aux services médicaux. Selon les données de Santé publique France, près d'un tiers de la population réside dans une ZIP, plus communément appelée "désert médical".

"Vous ne serez pas seul face à un écran d'ordinateur"

"On met une solution à disposition des pouvoirs publics", a expliqué samedi sur 'franceinfo' Raphaël Poli, directeur général Retail et Connexions à la SNCF, précisant qu'il s'agira d'"espaces de santé auxquels vous pourrez accéder quand vous allez prendre le train, ou si vous êtes un riverain" de la gare. En revanche, "il ne s'agit pas d'avoir une plateforme avec 150 médecins à l'autre bout du monde qui répondent à la personne qui est au fin fond de l'Auvergne", a-t-il assuré, tout en souhaitant que ces espaces de téléconsultation "soient inscrits dans les parcours de soins".

"Vous ne serez pas seul face à un écran d'ordinateur", a également affirmé Raphaël Poli. En effet, un infirmier accueillera les patients, "et vous aurez, si les collectivités le veulent bien, tout un équipement qui vous permet d'avoir une consultation avec un médecin généraliste", a-t-il détaillé, avant de rappeler que "10 millions de voyageurs" sont accueillis chaque jour en gare et que "9 Français sur 10 habitent à moins de 10 km d'une gare".

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