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Pénuries alimentaires : les insectes sauveront-ils le monde ?

Pénuries alimentaires : les insectes sauveront-ils le monde ?

Face au spectre de la multiplication des crises alimentaires dans le monde, la France est tout particulièrement en pointe dans "l'Agri tech" et la recherche concernant l'utilisation d'insectes dans l'alimentation animale...

Pénuries alimentaires : les insectes sauveront-ils le monde ?
Crédit photo © iStock

(Boursier.com) — Dans un contexte de réchauffement climatique, de surpopulation mondiale et de conflit en Ukraine qui a fait chuter drastiquement la production de céréales, les périodes de pénuries alimentaires se multiplient ponctuellement, en particulier en Afrique, et constituent un défi majeur à relever pour les années qui viennent... Mathématiquement, plus de 70 millions de personnes viennent grossir chaque année la population mondiale. D'ici 2050, il y aura donc à ce rythme plus de 9 milliards de terriens.

A l'heure actuelle, 70% de la surface agricole est utilisée pour élever du bétail, tandis que les terres, à force de récoltes, s'épuisent et l'eau douce menace de manquer... Selon les études officielles, près d'un milliard de personnes souffrent d'ores et déjà de faim chronique dans le monde : Les conflits armés au Sahel et dans la Corne de l'Afrique et les effets des sécheresses et des inondations ont entrainé, selon les dernières estimations des Nations unies, 44 millions de déplacés en 2022, soit une hausse de 15% par rapport à l'année précédente...

Selon le Fonds monétaire international plus de vingt pays, dont plusieurs pays africains, pourraient avoir besoin d'une aide d'urgence pour faire face à la crise alimentaire mondiale cette année. Le FMI a également précisé que 141 millions de personnes étaient exposées à l'insécurité alimentaire dans le monde arabe. Selon l'organisation, 48 pays dans le monde sont particulièrement vulnérables face à la crise alimentaire et près d'une vingtaine pourraient demander une aide d'urgence, une majorité d'entre eux étant située en Afrique...

L'innovation technologique à la rescousse

Au-delà des aides ponctuelles, parmi les solutions de long terme encouragées par les institutions internationales figure bien évidemment la lutte contre le réchauffement climatique qui passe par plus de sobriété énergétique, mais aussi par l'innovation technologique qui va permettre de se montrer plus économe en énergie, en eau, mais aussi en viande, le tout en diminuant le risque de pénuries alimentaires dévastatrices pour les populations.

Dans ce contexte, DigitalFoodLab a dévoilé son "5e rapport annuel sur la FoodTech en Europe" avec pas moins de 13 "licornes" qui y figurent en bonne place : L'Europe représente dans ce cadre 18% de l'écosystème FoodTech mondial, soit 6 points de plus qu'en 2020. Au total, 3.540 start-up ont été recensées au cours de ce travail, 48% d'entre elles ayant levé des fonds depuis leur lancement...

9,5 Milliards d'euros ont ainsi été investis dans les start-up européennes de la FoodTech en 2021, soit trois fois plus qu'en 2020. Au niveau mondial, l'Europe a représenté 20% des levées de fonds, tandis que les 2/3 des investissements ont été réalisés en Allemagne, en France, au Royaume-Uni et aux Pays-Bas...

La France à la pointe de l'innovation

La France est tout particulièrement en pointe dans l'Agri tech. Des sociétés comme Gorillas, Swile, ou encore Flink dépassent désormais le milliard de valorisation.

Dans le monde, les licornes FoodTech sont au nombre de 55... Avec ses 13 représentants, l'Europe se situe juste derrière les États-Unis qui en comptent 19, tandis que 10 à 20 start-up pourraient bien devenir les prochaines licornes dans les années qui viennent, à l'image de la société Ÿnsect : Fondée en 2011 à Paris, par des scientifiques et des militants écologistes, Ÿnsect transforme les insectes en ingrédients premium à haute valeur ajoutée pour les animaux, les poissons, les plantes et demain les êtres humains. Ÿnsect propose une solution écologique, saine et durable pour répondre à la demande mondiale croissante de consommation de protéines et de plantes...

Ÿnsect exploite des technologies de rupture protégées par 377 brevets issus de 44 familles, lui permettant d'élever des scarabées dans des " fermes verticales ". La société construit actuellement sa troisième unité de production, la plus grande ferme verticale du monde, à Amiens, et exploite trois sites en France (depuis 2016), aux Pays-Bas (depuis 2017) et aux Etats-Unis. En 2022, la signature d'accords de partenariat avec des entreprises agroalimentaires de premier plan aux États-Unis et au Mexique - respectivement Ardent Mills et Corporativo Kosmos - laisse présager la construction de deux nouveaux sites de production en 2023 pour alimenter ces marchés clés...

Technologiquement, le secteur fourmille d'idées et de projets à financer : dans le compartiment "Novel Food", Protix a obtenu de nouvelles autorisations pour ses insectes en 2022. La Commission européenne a en effet validé la commercialisation des ténébrions meuniers et des grillons domestiques de la société néerlandaise. Après une première autorisation en juin 2021 du ténébrion meunier d'Agronutris, Fair Insects a de son côté obtenu le feu vert concernant son criquet migrateur...

La législation européenne évolue rapidement...

D'un point de vue législatif, dans le cadre des évolutions majeures attendues des habitudes alimentaires, dès le 4 mai 2021, les 27 Etats membres de l'Union européenne ont pour la première fois autorisé la mise sur le marché d'insectes en tant qu'aliments, en validant la consommation de vers de farine ou de larves de ténébrions, "soit sous forme d'insecte entier séché, soit sous forme de poudre".

Un troisième insecte, le grillon domestique, doit être ajouté à cette liste... La Commission européenne a précisé que les criquets migrateurs seraient commercialisés en tant que "snack" à grignoter, sous forme d'ingrédient alimentaire, séchés ou congelés, sans ailes ni pattes, ou sous forme de poudre. Selon l'Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA), les adultes de l'espèce "locusta migratoria" sont riches en protéines et ne posent aucun problème sanitaire.

Les derniers examens législatifs ont fait suite à la demande de l'entreprise néerlandaise Fair Insects BV, spécialisée dans l'élevage de vers de farine, de grillons et de criquets, dont la maison mère, Protix, vend des produits à base d'insectes utilisés principalement pour nourrir des animaux domestiques et des poulets.

L'intérêt alimentaire des insectes a fait l'objet de plusieurs études. L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (la FAO) qualifie ces arthropodes de "source alimentaire saine et très nutritive" et y voit même "une source de substitution" à la viande dans le cadre de la transition écologique.

Transition écologique

Les insectes s'inscrivent déjà dans le régime alimentaire d'au moins 2 milliards de personnes : A l'heure actuelle, plus de 1.900 espèces d'insectes sont consommées par les hommes dans le monde, les principaux étant les scolythes (coléoptères et leurs larves), les chenilles, les abeilles, les guêpes et les fourmis, les sauterelles et les criquets, selon la FAO.

Autre avantage soulevé : les insectes ont besoin de peu d'intrants pour se développer, et produisent une faible part des émissions telles que le méthane, l'ammonium et autres gaz à effet de serre, contrairement aux autres animaux élevés pour leur viande...

Les grands groupes multiplient les initiatives végétales

La piste des insectes n'est pas la seule en vogue, les groupes agroalimentaires travaillant aussi sur le terrain végétal en guise de substitution à la viande ou au lait issus de l'élevage des bovins trop énergivore.

Les plus grands groupes internationaux ont d'ailleurs saisi tout l'enjeu de ces nouveaux marchés et multiplient les accords avec des acteurs au savoir-faire innovant, comme l'a fait dernièrement le groupe Bel : Le propriétaire des célèbres marques de fromage "La Vache qui Rit", "Boursin", "Babybel" et "Kiri" a noué un partenariat exclusif avec Standing Ovation, une foodtech qui produit de la caséine - la principale protéine du lait - sans aucune origine animale.

Dès 2016, Le géant français de l'agroalimentaire Danone s'était quant à lui distingué aux USA en mettant la main sur WhiteWave Foods pour... 12,5 milliards de dollars ! La société américaine n'est autre que le leader mondial du bio, des laits et produits frais d'origine végétale. L'objectif de Danone était double : D'une part, détenir et commercialiser des produits phares d'origine 100 % végétale, tel que So Delicious (gamme de yaourts et de glaces), Alpro et Silk (laits végétaux). Silk revendiquait alors une présence massive de l'ordre de 25 % au sein des ménages américains.

D'autre part, il s'agissait d'accentuer le levier de développement en Europe de la gamme végétale, déjà fortement initiée par la marque belge Alpro. Avec ces gammes de produits végétaux, Danone a d'ailleurs très vite répondu aux nouvelles demandes des consommateurs qui se détournent des produits laitiers pour cause d'intolérance alimentaire ou de recommandation médicale, ou qui recherchent de label bio par conviction face aux défis environnementaux et sanitaires.

L'année dernière, le Suisse Nestlé, via son unité Nestlé Health Science, a de son côté conclu un accord pour acquérir le fabricant brésilien d'aliments biologiques, naturels et à base de plantes Puravida. La société de Vevey a expliqué qu'elle considérait le portefeuille de Puravida comme étant "complémentaire au sien", tout en faisant remarquer qu'elle vendait déjà des compléments alimentaires et des poudres protéinées au Brésil et qu'elle serait désormais en mesure d'étendre ses activités locales dans le domaine des sciences de la santé. "Il s'agit d'une excellente occasion pour nous d'étendre notre présence dans un secteur en pleine croissance au niveau mondial... une étape importante pour progresser dans des segments de marché prometteurs qui ajoutent l'innovation et la technologie à notre savoir-faire en matière de nutrition" a conclu Marcelo Melchior, directeur général de Nestlé au Brésil.

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Dossier spécial "FoodTech"

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8 milliards d’humains aujourd’hui, 10 milliards demain… La population mondiale augmente et grignote les terres agricoles… la demande de viande ne cesse d’augmenter, et avec elle, le gaspillage alimentaire… dans ce contexte, la Foodtech est en déjà secteur clé de l’économie… Le marché devrait atteindre 700 milliards de dollars d'ici 2030…

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