Japon : l'économie reste fragile, en attendant des réformes structurelles...
La croissance du PIB au troisième trimestre a été revue à la baisse

(Boursier.com) — La chute du yen soutient les exportations japonaises, mais son effet commence à montrer ses limites... Ainsi, la croissance du PIB au troisième trimestre vient d'être revue en baisse, à 1,1% en rythme annuel, contre 3,6% au 2ème trimestre, et la balance courante nipponne a affiché un déficit surprise en octobre. L'assouplissement monétaire et les plans de relance mis en place par le gouvernement de Shinzo Abe ne suffiront ainsi pas à assurer le retour d'une croissance solide, soulignent les économistes, qui jugent urgent de procéder à des réformes structurelles...
Déficit surprise de la balance des transactions courantes
Au troisième trimestre, la croissance a pâti d'une révision en baisse des investissements des entreprises, qui ont finalement stagné et non augmenté de 0,2% comme estimé précédemment... Quant à la balance des transactions courantes, elle a affiché un déficit surprise de 1,2 milliard de dollars (900 ME) en octobre, sous l'effet de revenus moins élevés que prévu des investissements à l'étranger. Et la baisse du yen a eu un effet négatif sur la balance commerciale, plombée par le renchérissement des importations, en particulier d'énergie (gaz et pétrole) alors que les réacteurs nucléaires japonais restent à l'arrêt depuis la catastrophe de Fukushima. Au final, la facture des importations a bondi de 28%, tandis que la valeur des exportations a grimpé de 18% notamment grâce aux ventes de voitures.
Recul des salaires réels
Par ailleurs, malgré l'amélioration conjoncturelle observée depuis le début 2013, les salaires réels des Japonais continuent de baisser, menaçant de faire dérailler les plans de relance du gouvernement, dont le succès dépend d'une hausse de la consommation. Or en octobre, les salaires (hors heures supplémentaires et primes) ont reculé de 0,4% sur un an, leur 17ème mois consécutif de baisse, selon le ministère du Travail. Dans un contexte où l'inflation a déjà retrouvé un rythme de l'ordre de 1% par an, les consommateurs japonais devront aussi encaisser en avril prochain une hausse de 3 points de la TVA, qui sera relevée de 5% à 8%. Un choc que le gouvernement espère temporiser grâce à un nouveau plan de soutien de 134 milliards d'euros, annoncé la semaine dernière, et qui devrait permettre de créer 250.000 emplois et de gonfler le PIB d'un point de pourcentage...
Cercle vertueux
Dans une interview publiée ce matin par l'agence 'Bloomberg', le Premier ministre Shinzo Abe a appelé les entreprises japonaises à relever les salaires, et a remercié deux grands groupes exportateurs, Hitachi et Toyota Motor, de s'être d'ores et déjà engagés à entamer des négociations salariales avec leur personnel : "Pour sortir de la déflation, il est extrêmement important que les salaires augmentent”, a-t-il ajouté en réitérant son objectif d'enclencher "dès que possible un cercle vertueux", où la croissance entraîne la hausse des bénéfices des entreprises, permettant une hausse des salaires et un redressement des dépenses des ménages.
Le Premier ministre nippon s'est aussi engagé à mettre en place des réformes structurelles pour relancer les investissements. Il a promis l'adoption après le Nouvel an d'un programme déterminant les priorités en matière de dérégulation et établissant un calendrier précis pour ces réformes.