Déserts médicaux : pourquoi l'UFC-Que Choisir attaque l'Etat en justice

Déserts médicaux : pourquoi l'UFC-Que Choisir attaque l'Etat en justice

"Si de plus en plus de parlementaires sont enclins à réguler l'installation des médecins pour améliorer l'accès aux soins des Français, le gouvernement, lui, s'obstine à maintenir un inadmissible statu quo", dénonce l'association de consommateurs.

Déserts médicaux : pourquoi l'UFC-Que Choisir attaque l'Etat en justice
Crédit photo © iStock

(Boursier.com) — Face à la persistance des inégalités d'accès aux soins en France, l'UFC-Que Choisir, qui a dévoilé ce mardi une étude sur "l'aggravation dramatique" de la démographie médicale, a indiqué dans le même temps avoir déposé un recours devant le Conseil d'Etat afin de "faire constater et sanctionner la coupable inaction gouvernementale" et d'"enjoindre l'Etat à prendre les mesures à la hauteur des enjeux".

"Depuis de nombreuses années, l'UFC-Que Choisir, association agréée pour représenter les usagers du système de santé dans les instances hospitalières ou de santé publique, se mobilise pour lutter contre la fracture sanitaire qui touche toute la France", a rappelé l'association de consommateurs, qui a également mis en ligne une pétition pour soutenir son action en justice...

"Si de plus en plus de parlementaires sont enclins à réguler l'installation des médecins pour améliorer l'accès aux soins des Français, le gouvernement, lui, s'obstine à maintenir un inadmissible statu quo. C'est pourquoi cette année l'association a décidé d'enclencher la vitesse supérieure en attaquant le gouvernement pour inaction devant le Conseil d'Etat", a-t-elle ainsi annoncé...

83% des Français vivent dans un désert médical pour au moins une spécialité

Selon l'étude de l'UFC-Que Choisir, qui croise deux critères (l'éloignement géographique des médecins et les tarifs pratiqués), l'accès géographique à la médecine de ville, déjà en dégradation ces dernières années, s'est aujourd'hui fortement détérioré à l'échelle nationale. L'association précise que les déserts médicaux sont caractérisés par une densité 60% inférieure à la moyenne pour les spécialistes situés à moins de 45 minutes de route, ou 30 minutes pour les généralistes...

En se basant sur l'offre médicale accessible à moins de 45 minutes de route, l'étude révèle que 19,3% des Français résident dans un désert médical pour l'ophtalmologie, et que 24,8% des femmes et 28,9% des enfants habitent respectivement dans un désert médical gynécologique et pédiatrique.

"En combinant la dimension géographique et financière de l'accès aux soins, c'est-à-dire en ne prenant en compte que l'accès aux praticiens ne pratiquant pas de dépassements d'honoraires, la situation devient absolument catastrophique en ce qui concerne l'accès aux spécialistes, et ceux tant dans les zones rurales qu'urbaines", alerte l'association de consommateurs. Ce sont alors 50,3% des enfants qui habitent dans un désert médical pour les pédiatres, 59,3% des Français pour les ophtalmologues, et 69,6% des femmes pour les gynécologues. "Au global, ce sont 83 % de nos concitoyens qui vivent dans un désert médical pour au moins l'une des spécialités !", pointe l'UFC-Que Choisir.

Plus d'un médecin généraliste sur deux refuse de suivre les patients en tant que médecin traitant

Bien que moins fréquents pour les généralistes (2,6% de la population), les déserts médicaux persistent, avec une situation tout de même tendue pour 23,7% des usagers confrontés à "d'importantes difficultés" (soit un accès difficile caractérisé par une accessibilité médicale au moins 30% inférieure à la moyenne nationale) pour accéder au pilier du parcours de soins à moins de 30 minutes de chez eux...

Par ailleurs, l'association, qui invite les Français à consulter sa carte interactive et à soutenir son action en signant et partageant en masse sa pétition "Accès aux soins : j'accuse l'Etat", a mobilisé des bénévoles pour contacter anonymement 2.642 médecins généralistes, afin de leur demander s'ils accepteraient de les prendre en tant que médecin traitant.

La majorité (51,5%) a décliné, contre 44% lors d'une enquête antérieure en 2019. La plupart invoquaient déjà une charge de patients trop lourde (74%) ou anticipaient un prochain départ à la retraite (12%). L'association a également sollicité 761 ophtalmologues, parmi lesquels 28% ont refusé de fixer un rendez-vous, la majorité proposant des délais très longs, soit en moyenne 65 jours...

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