Bayer : double coup dur et plongeon historique

(Boursier.com) — Près de 8 milliards d'euros partis en fumée ! Bayer s'effondre de 18% ce lundi à Francfort, tout simplement la plus forte baisse quotidienne de l'histoire de la firme. Le géant pharmaceutique et agrochimique allemand a annoncé dimanche l'abandon d'un vaste essai clinique de phase III portant sur un nouveau médicament anticoagulant - l'asundexian, une thérapie présentée comme un blockbuster potentiel - en raison de son manque d'efficacité.
"Asundexian était la perle du pipeline pharmaceutique de Bayer", déclare Markus Manns, gestionnaire de portefeuille chez Union Investment et actionnaire. Bayer aurait dû trouver un partenaire avec qui partager les coûts et les risques de développement, selon le spécialiste. "Nous considérons cela (l'abandon de l'essai) comme un élément négatif majeur car l'asundexian était le médicament clé dans le portefeuille de Bayer", écrit de son côté Morgan Stanley. Le traitement du groupe allemand, concurrent des produits de Bristol-Myers Squibb et de Pfizer, devait représenter un chiffre d'affaires annuel de plus de 5 milliards d'euros. JP Morgan considère également que l'échec de l'asundexian est un "revers significatif" qui pourrait peser sur les ventes du groupe.
Une mauvaise nouvelle qui intervient deux jours après que Bayer eut été condamné par un jury du Missouri à payer plus de 1,5 milliard de dollars à trois anciens utilisateurs du Roundup qui ont imputé leurs cancers au produit controversé de Mansanto dans l'un de ses plus gros procès concernant l'herbicide. Monsanto a été récemment frappé par une série de décisions judiciaires concluant que le Roundup contient des substances cancérigènes. Bayer a déclaré qu'il ferait appel du verdict et insiste sur le fait que le produit est sûr. "Nous avons de solides arguments pour faire annuler les récents verdicts infondés", a déclaré un porte-parole de Bayer. Il y a deux ans, l'entreprise a mis de côté jusqu'à 16 milliards de dollars pour résoudre plus de 100.000 cas liés à l'impact du Roundup sur la santé.
Ces événements font monter la pression sur Bill Anderson, qui a pris ses fonctions de directeur général en juin et a déclaré ce mois-ci qu'il envisageait un démantèlement du conglomérat. Les risques juridiques pourraient compliquer les efforts d'Anderson pour scinder la division agricole, s'il opte pour cette voie, indique à 'Bloomberg' Sebastian Bray, analyste chez Berenberg,