
Christophe Clerc Directeur Financier de Delfingen Industry
“Encore une marge d'appréciation de la rentabilité de Delfingen
Boursier.com : Vous avez relevé votre objectif de taux de marge opérationnelle courante pour l'exercice, de 6% à 6,5%. Est-ce la suite logique du relèvement de l'objectif annuel de chiffre d'affaires datant du mois de mai?
C.C. : On peut dire cela. Notre taux de marge opérationnelle courante se situe à 6,8% à l'issue du premier semestre, donc se projeter à 6,5% sur l'ensemble de l'exercice au lieu de 6%, fait sens. A condition que les conditions de marché demeurent ce qu'elles sont aujourd'hui.
Boursier.com : Justement, comment les percevez-vous ?
C.C. : Nous n'afficherons pas, au second semestre, un niveau de croissance aussi élevé qu'au 1er. D'une part, l'effet de base sera moins favorable au second qu'au premier semestre car le premier bénéficiait d'un effet de base très favorable en raison d'un premier semestre 2022 touché par le déclenchement de la guerre en Ukraine. D'autre part, nous restons vigilants par rapport aux conditions de marché des deux côtés de l'Atlantique. Les tensions salariales aux Etats-Unis pourraient en effet amener à des mouvements de grève et pénaliser la production. En Europe, il faut rester attentif à la conjoncture en raison de la hausse des taux d'intérêt, ainsi qu'aux conditions du changement structurel du marché automobile et son passage à l'électrique.
Boursier.com : Percevez-vous un début de ralentissement en Europe ?
C.C. : Depuis la fin du mois d'août nous en percevons les premiers signes. La période actuelle, suite à la pause estivale, est plus poussive que l'an passé...
Boursier.com : Par rapport à la situation aux Etats-Unis, qu'anticipez-vous?
C.C. : Nous pensons qu'un ralentissement aura lieu, les niveaux de stocks de véhicules sont assez élevés. Soit les constructeurs anticipent des arrêts de production en raison de des conflits sociaux liés aux salaires, soit ils n'auront pas lieu et il faudra que les constructeurs déstockent. Dans tous les cas de figure, en raison des pressions salariales, la situation est tendue et nous nous adaptons.
Boursier.com : Le groupe a historiquement affiché des niveaux de rentabilité nettement supérieurs. Peut-on logiquement envisager la marge opérationnelle courante au-delà de ces 6,5% après cet exercice?
C.C. : Le rapport de force entre les constructeurs automobiles et les équipementiers, qu'ils soient de rang 1 ou 2, a pesé en faveur des premiers, mais en conséquence, il existe une marge d'appréciation. D'autant que les prix des matières premières n'ont pas encore totalement reflué et devraient s'améliorer. Enfin, notre capacité à absorber nos coûts, du fait de notre taille, plaide aussi dans le sens d'une amélioration de notre rentabilité.
Boursier.com : L'intégration des acquisitions du printemps dernier se passe t-elle comme vous l'espériez?
C.C. : Avec Reiku, en Allemagne, nous accélérons dans la protection des câblages. Il s'agit d'une entité familiale et la collaboration avec les cédants se passe pour le mieux. L'acquisition a été très bien accueillie par les clients, notamment en raison de notre caractère international. Concernant l'acquisition en Corée, les choses prennent plus de temps, mais la collaboration se déroule parfaitement bien. La coordination commerciale et technique se déroule parfaitement bien. Les acquisitions sont en vigueur depuis le 1er avril et il est encore trop tôt pour tirer un bilan, mais tout se déroule comme nous l'imaginions.
Boursier.com : Un de vos objectifs consiste à devenir numéro 2 dans les applications textile dans la mobilité. Qu'est-ce qu'il vous reste à bâtir pour y parvenir?
C.C. : L'élément essentiel de notre stratégie, consiste aujourd'hui, à disposer des moyens de production pour répondre à la demande. Nous allons d'ailleurs inaugurer une usine au Mexique mi-octobre. Nous allons aussi ajouter des capacités de production en Roumanie et à Tanger. L'enjeu consiste à prendre des parts de marché au leader mondial.
Boursier.com : Concernant votre objectif de désendettement, quelle est la marche à suivre ?
C.C. : Nous allons utiliser deux effets de levier : d'abord la génération de cash flow avec l'augmentation de la marge d'EBITDA, et d'un autre côté l'amélioration de notre BFR avec notamment la partie Inventaire. Sur un marché peut-être en moindre croissance, nous voulons être capables d'augmenter notre marge d'EBITDA. L'enjeu du désendettement est double pour Delfingen : disposer de marges de manoeuvre financières pour le futur et faire face au coût de la dette lié à la hausse des taux d'intérêt.